1. Journée spéciale


    Datte: 13/06/2021, Catégories: fh, Collègues / Travail pénétratio, portrait, québec, amiamour,

    ... Dès que mon cerveau perçoit une menace, il a la réponse instantanément. Pas besoin de réfléchir, les gestes et paroles sont déjà programmés. Aucun sentiment ne vient intervenir sur le moment, la peur, l’hésitation, la réflexion, toutes ces réactions qui ont déjà causé la perte de certains policiers, sont éliminées. Peu de gens savent que le type qui m’a laissé ces cicatrices, je l’ai terrassé à mains nues, non pas par vengeance, mais parce que c’était la réponse imaginée à ce genre d’attaque. Je me suis programmé pour combattre jusqu’à mon dernier souffle, ma dernière goutte de sang, peu importe les blessures que je peux subir. Marion commente : — C’est comme si tu es devenu un robot sans sentiments.— Des émotions, j’en ai mais elles viennent après, lorsque tout est terminé, souvent quelques heures plus tard, elles sont décalées dans le temps. Mon cerveau accepte les gestes que j’ai posés parce qu’ils font parties des solutions imaginées en fonction des lois, règlements, procédures, enfin tout ce dont on doit tenir compte. Donc, le doute ne s’installe pas vis-à-vis des actions choisies car je sais avoir respecté toutes les règles établies. Marc s’interrompt, hésite. — Savais-tu qu’en comptant l’événement d’aujourd’hui, j’utilise mon arme à tous les deux ans et demi, c’est énorme, la moyenne des policiers canadiens est que moins de deux pour cent d’entre eux utiliseront leur arme une seule fois dans leur carrière. Ma plus grande peur est de passer pour un violent, un ...
    ... cow-boy qui tire sur tout ce qui bouge. C’est pour cela que j’ai besoin de prouver, autant à moi qu’aux autres, que je suis un homme bon, un homme aussi doux que n’importe qui.— Pourquoi ce n’est pas pareil pour les autres, demande Marion— Généralement la première fois c’est le doute, ce doute d’avoir bien agit, la peur d’être jugé par les autorités, journalistes, citoyens, par la famille, les procès qui n’en finissent plus, c’est ce qui fait flancher le moral, on ne veut pas passer par là une deuxième fois. Moi je suis confiant, cela n’empêche pas que je suis malheureux, triste, ou autre chose. Jamais on n’oublie que l’on a pris une vie, on s’en souvient comme si cela s’était passé hier. Un voile est passé sur ses yeux lorsqu’il a prononcé les dernières paroles. Cela s’est produit trop souvent, jamais il ne confirme un nombre. Il ne cache pas ce qu’il a fait, ce qu’il a vécu, il en discute seulement lorsque cela peut aider quelqu’un. — Tu es dans cet état combien de temps, demande Marion.— Un à deux jours. Peut-être que cette fois-ci, ce sera moins long.— Écoute Marc, quand l’on parle de toi, personne ne parle de violence ou de cow-boy dans ton cas. Je t’ai souvent observé, aujourd’hui je sais pourquoi tu évites de marcher sur un insecte lorsque tu le vois. Marc sourit, il est réconforté de savoir que ses confrères ne le considèrent pas comme un homme violent. Toujours blottie contre lui, Marion constate que pour la première fois de la journée, il est complètement relaxé, la ...
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