Dur métier que celui de Testeuse - Histoires de Sexe

Dur métier que celui de Testeuse

2482, Paris, Siège du Gouvernement Intercontinental. — Monsieur le Président, il faut agir. Et vite ! Le peuple est dans la rue et menace toutes nos ambassades, partout dans le monde. Un brouhaha s’éleva parmi l’assemblée des 328 ministres. — Que proposez-vous ? demanda le Président. Le silence se fit dans les rangs. Tout avait déjà été essayé pour cantonner le bon peuple de Terre dans les tâches qui lui étaient dévolues. Les ouvriers dans les usines, les laborantins dans les laboratoires, les femmes de ménage avec leur ménage, etc. Et pour que chacun n’éprouve pas le besoin de voir si l’herbe était plus verte chez le voisin, la télé dispensait des programmes ciblés à chaque corporation, vantant les mérites de l’agriculture aux agriculteurs, du professorat aux professeurs… Le ministre de la Reproduction leva timidement la main et tous les regards se posèrent sur le petit homme largement dégarni au visage de fouine. — Je pense que le peuple manque de… sexualité.— Pardon ?— De sexualité ! reprit le ministre. On fit une recherche dans la base de données des mots tombés en désuétude et la définition s’afficha sur chaque écran : « Ensemble des pratiques visant à l’excitation des organes reproducteurs (cf. pénis, cf. clitoris) entre hommes et femmes, femmes et femmes, hommes et hommes. Simulation antique de l’acte de reproduction ». Un tollé s’éleva dans les rangs. Le Président invita ses ministres à un peu de retenue. — Silence ! Le calme revint. — Mon cher ministre, reprit-il. ...

... Je n’ai nul besoin de vous rappeler que depuis la loi Intercontinentale du 12 mars 2214, tout contact physique entre individus est proscrit. Voudriez-vous voir revenir les épidémies du XXIIe siècle ? L’allocution du Président fut acclamée. — Aussi, poursuivit-il, en tant que ministre de la Reproduction, êtes-vous le mieux placé pour savoir qu’il a été difficile à nos ancêtres d’interdire la pénétration et que ce n’est que depuis un peu plus d’un siècle que la reproduction est entièrement assistée.— Bien entendu, objecta le petit homme. Je ne parle pas de rétablir le contact physique, mais de simuler l’acte sexuel. Cette fois, son annonce ne provoqua aucune plainte dans l’assistance. — Simuler ? interrogea le Président.— Par le biais d’une stimulation du cerveau, il est aujourd’hui très facile de faire croire à un individu qu’il est en train de vivre un événement particulier alors qu’il est tranquillement dans son lit… Le Président acquiesça. Il avait lui-même promu ces études dans le but, à terme, de remplacer l’école, trop coûteuse. — Eh bien, offrons au peuple quelques minutes de plaisir chaque semaine et il se tiendra tranquille ! Le Président balaya du regard l’ensemble de ses ministres qui, pour la plupart, hochaient la tête en signe d’assentiment. — Bien ! Quand ce programme pourrait-il être opérationnel ?— À vrai dire, hésita le ministre, il l’est déjà… J’ai pris la liberté, avant de vous soumettre l’idée, de faire développer un prototype de cabine, compacte, facilement ...