Québec brûle-t-il ? - Histoires de Sexe

Québec brûle-t-il ?

... vous vous foutez de moi ? Vous voulez que je publie ce texte qui vous attribue le crédit de ces découvertes ?— Oui. Il resta face à la fenêtre et entendit son interlocuteur étouffer un rire. — Je ne le ferai pas.— Que faisiez-vous le 8 juillet 1992 ? Il se tourna et observa son visiteur, maintenant effondré dans son fauteuil. — Je savais que ça reviendrait me hanter…— Monsieur, ce que vous désirez, c’est que justice soit faite. Le Premier Ministre, plusieurs ministres et des députés sont corrompus. Publiez votre texte, ainsi que celui-ci. Vous arriverez à vos fins, et vous me permettrez de continuer à faire le ménage de l’intérieur.— Ai-je le choix ?— Non.— Mais vous m’avez demandé 48 heures ?— Oui. Mais là, je vous demande de publier demain. De cette manière, nous prendrons ces gens de court. _______________ Il était resté de longues minutes planté devant la fenêtre après le départ de l’homme, se demandant s’il venait de prendre la bonne décision. Il se retourna lorsqu’il entendit du mouvement dans son dos. Sa chef de cabinet se tenait droite, entourée d’Audrey et de Benoît. — Ne vous posez pas trop de questions, Monsieur. C’est la bonne décision.— Mettez en branle le plan. Go.— Une dernière chose…— Quoi ?— Demain, vous devrez être plus blanc que blanc. Comme vos collègues, vous serez étudié sous toutes les coutures.— Et alors ?— Un document que vous devez signer. Officialisant votre divorce d’avec Karen. Karen… Depuis ces derniers temps, il l’avait complètement oubliée. ...

... Il dut très vite se rendre à l’évidence et accepter que ce document doive être signé afin de régulariser sa situation. — Vous le ferez signer à Karen ?— Elle l’a déjà signé, il y a plusieurs semaines.— Pardon ?— Monsieur, vous vous apprêtez à vous lancer dans une course pour la plus haute fonction publique de cet État. Mon équipe et moi feront une foule de choses sans que vous soyez au courant, dans le but ultime de vous protéger. Si vous vous attendez à autre chose de ma part, de notre part, nous démissionnerons sur-le-champ. Il signa le document qu’on lui tendait. _______________ Bien assis dans son fauteuil, il savourait son troisième scotch. Quelques semaines à peine après avoir pris ses fonctions, il ne savait pas si tout cela n’allait pas s’arrêter dès le lendemain. Tout en regardant l’œuvre d’art accrochée au mur, il écoutait l’Adagio pour cordes, celui qu’il adorait tant. Ce Samuel Barber avait compris quelque chose, quelque chose qu’il ne comprendrait jamais. Cette pièce l’avait suivi depuis aussi longtemps qu’il se souvienne et le transportait dans un état d’une telle relaxation, d’un tel calme qu’il ne pouvait pas se séparer de cet enregistrement. Il se dit toutefois qu’il devrait un jour l’écouter dans un moment heureux, pour voir l’effet que ça lui ferait. — Tom, ça va ? Sans détourner la tête, il répondit : — Oui, Audrey. Rentre chez toi. Demain viendra assez vite.— Tu ne veux pas que je reste un peu ? Tout est prêt pour demain, tu sais… Il voulut répondre par ...