Québec brûle-t-il ? - Histoires de Sexe

Québec brûle-t-il ?

... Oui, Franck.— J’ai voté « oui ». Mais je suis déçu en ce moment. Je parle pour nous tous :Go, knock them dead ! Thomas lui sourit et, chose qui ne lui ressemblait pas, il tendit le bras pour lui serrer la main. Frank referma la portière dès qu’il fut assis, et c’est à ce moment-là qu’il alluma le téléviseur de sa voiture de fonction. Entre les deux sièges, le téléphone s’illumina. — Bonjour chérie.— Salut toi.— Je suis avec toi. Incroyable, toute cette histoire.— Merci. Je ferai ce qui doit être fait. Tu es avec moi ?— Oui. Pourquoi ? Tu en doutes ?—It’s gonna get worse before it gets better…—Till the end.— Merci.— Est-ce que le futur Premier Ministre aimerait un moment coquin plus tard aujourd’hui ?— Je te tiens au courant. En raccrochant, il sourit à cette pensée. _______________ Depuis que cette réunion de la coalition avait commencé, tous les intervenants au microphone n’avaient pu s’exprimer plus de quelques secondes sans être interrompus par un concert d’applaudissements ou de critiques. Après tout, il était difficile de les blâmer pour un tel niveau d’excitation. À quelques mois d’une élection générale, toutes les personnes présentes dans la salle étaient quasiment assurées d’une réélection. Les révélations de ce matin venaient tout chambouler, et la horde de journalistes qui attendait à la sortie de la salle voulait des réponses. Ce matin, le Premier Ministre du pays, sept de ses ministres et quatorze députés des partis d’opposition avaient été arrêtés, à peine deux ...

... heures après la parution des journaux. Trente minutes de ce régime étaient assez. Il fit signe à Audrey qui pressa les adjoints des députés présents vers la sortie. Dès qu’ils furent seuls, il prit son verre d’eau et le projeta contre le mur. Il se fracassa dans un vacarme assourdissant, et tous les députés se tournèrent vers lui. — Chers amis, ce matin, votre monde s’effondre. Vous avez été la victime d’une duperie. Eh bien, croyez-en ma parole, le rideau vient d’être levé sur cette duperie.— Mais qui êtes-vous pour croire que… Le ministre des Affaires étrangères, un des vieux routiers du parti, avait prononcé cette phrase d’un ton brusque. Sans décroiser sa jambe, Thomas le regarda. — Monsieur, quittez cette salle.— Je…— Immédiatement.— Vous n’avez pas le droit…— Ah non ? Dans quelques minutes, je m’attends à recevoir un appel du Lieutenant-Gouverneur m’invitant à former le prochain gouvernement.— Impossible. Nous avons des statuts, et ceux-ci prévoient que je suis…— Oui. À une exception près : depuis ce matin, le Parti de la République existe, et j’en suis le chef.— Vous êtes tout un numéro…— Ceux et celles qui veulent me suivre, levez la main. Et pensez-y bien : vous n’aurez qu’une chance. Lorsque le ministre des Affaires étrangères compta 63 mains, il rajusta son nœud de cravate et quitta la salle. — Messieurs, Mesdames, mon intention est de gagner les prochaines élections. Plusieurs d’entre vous avaient des ambitions. Vous devrez maintenant les canaliser autrement. Si ce ...