Divagations sur l'oreiller - Histoires de Sexe

Divagations sur l'oreiller

... rendez-vous là-bas vers vingt heures. Elle n’a pas le temps de rouvrir la bouche, j’ai déjà tourné les talons… Et le trou noir vient de me frapper. Le hall de la Corne d’Or est immense, tout comme le parc où ma Triumph se trouve en bonne place. Est-il utile de préciser qu’à l’époque où les faits sont censés se produire, je suis très loin de posséder ce genre de voiture ? Un taxi s’arrête, le loufiat va ouvrir la porte au passager qui s’avère sans surprise être Mylène. Si, à première vue, rien n’a changé en ce qui concerne sa tenue par rapport à tout à l’heure, un coup d’œil un peu plus insistant peut remarquer que d’une part sa jupe m’a l’air considérablement plus courte que celle du boulot et que, surtout, ses petits seins semblent bien libres sous le caraco de dentelle qu’elle cache sous sa veste de tailleur tandis qu’elle grimpe le perron. Je l’embrasse – même si ce n’est que sur la joue – ce qui est accessoirement une grande première pour moi ! Le repas est excellent, on s’en doute. Mylène parle beaucoup, notamment de son boulot, de ses chefs qui la traitent comme une serpillière et qui lui refilent régulièrement le sale boulot – j’en sais quelque chose – et du fameux plafond de verre. J’interviens : — Vous savez, Mylène, le plafond de verre existe très probablement, mais il faut aussi prendre garde de ne pas se le mettre soi-même au-dessus de la tête. Vous avez des idées et des capacités, nombreux sont ceux qui pensent que vous auriez largement les épaules pour remonter ...

... cette boîte qui, nous le savons tous les deux, est en train de couler… Tout est vrai là-dedans, se trouver aux toilettes au bon moment permet parfois d’intercepter quelques discussions ma foi fort intéressantes. — Mais ils ne me laisseront jamais ma chance, là-haut…— Si vous essayez de convaincre vos chefs directs, c’est en effet perdu d’avance. Par contre, si vous visez l’échelon du dessus et que vous vous pointez avec des chiffres et des idées, ce ne sera sans doute pas la même musique… Elle semble quelque peu ébranlée, comme si je venais de lui donner une idée à laquelle elle n’avait jamais songé. — Et vous croyez que cela fonctionnera ?— Franchement, je n’en sais rien. Ce que je sais par contre, c’est que si vous ne risquez rien, vous n’aurez rien.— Bah, on verra bien, sourit-elle. Bon, et si vous me raccompagniez, maintenant ? Je n’ai pas de voiture… Entre le resto et chez elle, il y a une bonne trentaine de kilomètres dont la plupart se situent en forêt. Nous roulons vitres ouvertes pour mieux profiter des parfums des bois et de la douceur de ce jour qui s’étiole. — Dites-moi, Emmanuel, ce n’est pas une Triumph, ça ?— Ben si, pourquoi ? réponds-je, surpris.— Et les anglaises ne sont pas censées tomber régulièrement en panne ? Subitement, je comprends où elle veut en venir. Cependant, je la laisse poursuivre. — C’est vrai, ça, si nous devions nous arrêter, nous serions obligés de nous glisser sur la banquette arrière… Et comme la nuit risque d’être fraîche et que je suis ...