1. Flux


    Datte: 07/07/2021, Catégories: fh, forêt, Collègues / Travail portrait,

    En préambule : Il s’agit de ma dernière publication sur ce site avant un moment, je pense. Merci à tous ceux qui ont pris le temps de me lire au cours de ces derniers mois, vos avis ont été précieux et utiles. Encourageants surtout. Merci encore et bonne lecture. Scott S. dit : — Voilà, messieurs, les résultats, comme vous avez pu le voir, sont à la hausse. Le deal avec les Japonais a créé un appel. Et les sociétés génériques suivent, ce qui constitue notre cœur de cible. Dans le cadre du projet quinquennal Cap 2012, ces nouvelles affaires viennent renforcer à la fois nos positions sur le marché, mais surtout, par leur rentabilité, nous offrent de réelles perspectives d’assurer une croissance annuelle sur ce segment de l’ordre de vingt pour cent. Ce qui dans le contexte de crise actuelle n’a rien d’anecdotique. Nous avons adapté notre façon de vendre, nous avons changé notre manière d’appréhender nos clients. Le changement - si crucial dans notre secteur ultra compétitif -, nous n’en avons pas eu peur. Si l’on tient ce niveau de proposition et si notre équipe commerciale parvient maintenant à convaincre les Danois, nous serons leaders sur le marché à la fin de l’année. Sourire léger. — Art, je te laisse la parole. Scott S. laisse la place devant les courbes impeccables sur le mur terne. Clic souris. Derrière lui, s’affiche en lettres bleues le slogan Corporate, Cap vers 2012 ! — Merci à tous ! Art B., son responsable direct, le boss commercial, a froidement pris le micro et ...
    ... entame la longue litanie des remerciements. Voilà, amuse-toi, enculé ! savoure Scott. Dans la vaste salle de réunion, les hommes et les femmes le regardent sans empathie. Scott savoure ces instants de relâchement. Il n’est plus un espoir, il vient de convertir, il vient de transformer. Il se reprend. Ne pas montrer aux autres, à tous les autres qu’il s’agit d’un moment spécial, au contraire, laisser penser qu’il s’agit d’une simple routine, que présenter de tels résultats à une telle assemblée est dans l’ordre naturel des choses. Mais il ne boude pas son plaisir, devant tout le comité de direction, il vient de marquer des points. Art B. termine la présentation. On applaudit discrètement. Les regards se tournent vers le jeune Scott S. qui serre des mains, sourire humble, mais déterminé, qui fixe droit dans les yeux comme on le lui a appris. Il n’est qu’une apparence, de simples attitudes qu’il peut modeler à merci. Ça rend les choses plus faciles. C’est un pro, un vrai. Dénué d’orgueil et de colère, vacciné contre l’embrasement et contre ces épanchements émotionnels qui dans l’entreprise n’ont aucun sens. Ça n’empêche pas le bouillonnement, ça n’empêche pas la tempête sous son crâne, mais il ne montre rien. Jamais. Juste ce sourire lisse. Il se dit qu’il a bien fait d’insister sur le contrat japonais. Et tout le monde sait ici, dans cette vaste salle de réunion circulaire, la trentaine de directeurs et de hauts responsables, nul n’ignore que le jeune Scott S. est allé chercher ...
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