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Portrait volé
Datte: 21/07/2021, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique,
... là ? Alors, tandis que deux larmes perlaient à ses paupières, tête baissée, la comtesse poursuivit : — J’ai donné mon cœur et mon âme à Vincent. Et il m’a été enlevé alors même que je pensais pouvoir vivre avec lui le bonheur dont j’avais toujours rêvé. Aujourd’hui je suis seule et je déteste cette solitude ; mais si j’y renonçais pour vous accorder la place que vous réclamez… je finirais par vous perdre et c’est ce que je redoute le plus au monde… J’ai perdu l’homme que j’aimais. Je n’en perdrai pas un autre. Je ne veux plus jamais vivre un tel enfer… Sous le coup de l’émotion de cette déclaration, le comte questionna à brûle-pourpoint : — Vous êtes en train de me dire que vous m’avez dit non parce que vous avez peur que je meure ?— Que croyiez-vous donc ? Qu’il m’était doux de vous voir chaque jour alors que vous m’aviez avoué vos sentiments ? Non. J’étais totalement bouleversée et anéantie par l’aveu que vous m’aviez fait. J’aurais préféré ignorer vos intentions. Parce qu’ainsi, j’aurais pu croire que ce que je ressentais pour vous depuis des mois et dont je ne voulais pas reconnaître ni admettre l’intensité et la profondeur n’était qu’une fumée de tête, le résultat de l’angoisse et de ma solitude ; et si j’avais été sûre comme avant votre aveu que je n’étais pour vous qu’un enjeu libertin de plus, j’aurais évité bien des tourments et des nuits sans sommeil… Ainsi donc, elle avouait ses sentiments… enfin ! Mais, ironie du sort, Élise ne s’y abandonnait qu’au moment où ...
... plus rien n’allait être possible entre eux. François de Saillant en conçut tout à la fois douceur et amertume profonde. Cet aveu extirpé après une joute sans merci avait un goût âpre. Mais, dans un sursaut d’espoir, il murmura tendrement : — Je vous aime depuis le premier instant, Élise… et je veux vous aimer au grand jour, vous aimer comme mon épouse, ne l’avez-vous pas compris ? La jeune femme tressaillit en entendant le comte l’appeler par son prénom avec tant de douceur. Très émue, elle répondit : — J’ai longtemps cru et je suis restée persuadée jusqu’au bout qu’au lieu d’amour, il ne s’agissait pour vous que d’un défi que vous vous étiez lancé, une provocation de plus… juste pour ensuite vous vanter publiquement de m’avoir eue… La surprise mêlée d’exaspération se peignit sur le visage du comte : — Cornebleu ! Madame, en quelle langue aurais-je dû vous le dire ? En latin ? Même Vincent dans son testament s’était rendu compte de nos sentiments mutuels et les avait agréés. Si même votre mari, qui était aussi mon ami, avait compris la teneur et la profondeur de ce que nous ressentons l’un pour l’autre, alors même que ni vous ni moi ne lui avons jamais exprimé dans nos courriers respectifs ce que nous éprouvons, comment vous, avez-vous pu ignorer ce que je n’ai cessé de vous faire comprendre ?— Un jour vous avez dit à Solange quelque chose qui m’a toujours fait craindre le pire. François de Saillant se mit à rire doucement et il contempla la jeune comtesse avec émotion avant de ...