1. Portrait volé


    Datte: 21/07/2021, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique,

    ... je trahissais Vincent… et parallèlement, j’étais déchirée de ma décision. En disant ces mots, Élise essuya furtivement ses larmes. Le comte était lui-même très ému. Tout ce que la jeune femme lui disait confirmait tout ce qu’il avait ressenti d’élans et de trouble amoureux chez elle. Elle l’aimait sans doute depuis leur première rencontre au bord du Neez, mais elle n’avait cessé de se débattre contre cette évidence. Simplement parce qu’elle était mariée à un autre qu’elle avait cru aimer et qu’elle ne voulait pas trahir. Avec un soupir désabusé, François crut bon lui avouer les raisons de son départ : — En ce qui me concerne et à la lumière de ce que vous m’apprenez ce matin, je regrette aujourd’hui de n’avoir pas été plus pressant, de ne pas vous avoir plus bousculée, de n’avoir pas compris plus tôt votre désarroi… Mais il n’est plus temps… Nous avons eu notre heure, nous l’avons manquée, semble-t-il ! En y réfléchissant durant mes dernières insomnies, je me suis finalement dit que vous aviez eu raison de me repousser. Même si cela m’a été affreusement dur à supporter. Sans avoir jamais osé me l’avouer et encore moins à qui que ce soit d’autre, je crois que j’éprouve la même peur de vous perdre que celle qui vous étreint en pensant à ma mort. Je n’ai jamais ignoré notre écart d’âge ; il m’a beaucoup questionné quant au rythme différent du vôtre que j’ai. Par ailleurs, je sais pertinemment que je mourrai sans aucun doute plus tôt que vous. C’est la nature qui nous fit si ...
    ... éloignés par la naissance et la géographie… Nous n’y pouvons rien. Nous devons composer avec. Et peut-être était-ce aussi le destin qui voulait que vous fussiez à Vincent et pas à moi… Vous n’auriez dû être pour moi qu’un soutien invisible et amical dans mon deuil de Camille ; mais mon cœur vous a adoptée sauvagement, amoureusement et sans votre consentement… sans doute parce qu’il lui fallait à nouveau aimer pour accepter l’absence de ma défunte épouse. Et, comme j’ai « outrepassé la décence » en vous déclarant mes sentiments lorsque je vins ici selon les termes de l’abbé Gourié lui-même, il fallait donc que je revienne à la raison… et que j’accepte la situation et l’inexorable séparation qui devait s’ensuivre. À votre insu, par vos rebuffades et surtout la dernière dispute que nous avons eue en mars, vous avez réussi à me décourager de vous aimer. Si aujourd’hui je cédais à mon désir de vous faire mienne, j’aurais trop peur de revivre une séparation mortelle qui, celle-là, me serait fatale. La stupéfaction fit sursauter la jeune femme. Elle questionna à brûle-pourpoint : — Êtes-vous souffrant ?— Non, je vous rassure à ce sujet. Je n’ai pas de maladie particulière… mais j’ai toujours désiré un enfant… et c’est durant sa grossesse que j’ai perdu Camille et notre fils… J’avais promis de vous en parler et puis… je n’ai jamais pu avant aujourd’hui. Peut-être n’avais-je pas suffisamment confiance en vous… Peut-être que je préférais ne rien vous dire, sachant de toute façon que mon ...
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