Éloge de la fripe coquine
Datte: 24/07/2021,
Catégories:
f,
Voyeur / Exhib / Nudisme
BDSM / Fétichisme
... souvenait parfaitement avoir passé toute la journée dans la fiévreuse attente de se retrouver seule en sa chambre pour revêtir là, enfin, ces nouveaux dessous. Le soir, devant son miroir, elle s’était faite grâce et dévotion en se contemplant longuement, savourant la métamorphose qui, de chenille en papillon, l’avait transmuée, affectant de ne pas se reconnaître et se comprenant subitement femme. Cette transformation la bouleversait et, elle l’avait très bien compris, jusqu’en ses tréfonds, était le signe patent de sa majorité, et plus jamais elle ne serait la même. Quelque chose d’irréversible venait de se produire, qui de jeune fille nubile la propulsait au rang de jeune femme disposant librement de son corps. Combien de fois avait-elle enfilé les bas, se faisant une obsession de la rectitude de la couture sur son mollet ? Elle avait joué avec ce téton de caoutchouc qui coince la soie dans l’œilleton de la jarretelle avec autant de délices que s’il avait été de chair, et ceci l’avait entraînée dans des désarrois similaires. Elle avait attendu que tous soient couchés pour descendre à la cave, cachée sous sa robe de chambre, et y subtiliser deux petites cales en bois qu’elle s’était collées sous la semelle de ses mocassins plats. Hissée sur ces échasses improvisées, elle avait paradé dans ces éclats pour admirer la cambrure de son buste et de ses jambes. Puis elle s’était envolée en rêveries câlines et langoureuses, agrémentées de pensées subtilement érotiques et avait vécu ...
... là, dans la plus stricte intimité, une étonnante soirée dispensatrice d’intenses réjouissances à peine tempérées par la crainte de maculer ces tissus précieux. Au lendemain, après avoir emprunté l’appareil photo d’une amie, elle s’était, dans la retraite de sa chambre, immortalisée dans tout ce magique attirail. Elle avait longtemps conservé ce bustier inaugural comme une relique, lui faisant ainsi largement outrepasser l’usage qui lui était dévolu. Plus tard, elle avait consacré une part non négligeable de son premier salaire à ces frivolités avec un plaisir immense. Puis, au fil des années, elle a tout expérimenté, décliné les gammes complètes de formes, de couleurs et de fibres dans tous les registres et selon toutes les combinaisons, sauf toutefois celles qui d’évidence relèvent de l’équipage des prostituées. Bien qu’appréciant moins les amples jupons, nuisettes ou autres déshabillés, elle a tout adoré, tout essayé, à la seule exception du roide corset qu’elle ne s’est jamais résolue à acheter, mais en lequel elle rêve encore se sangler un jour. Elle le souhaiterait alors resserré comme un étau, tel que le portaient ces femmes de jadis quand il réclamait la complicité de plusieurs caméristes pour être lacé et menaçait ses adeptes de pâmoison à chaque habillage. Y a-t-il là narcissisme ou fétichisme, sadisme ou masochisme, exhibitionnisme ou voyeurisme ? Une telle collection d’-ismes la désigne assurément comme perverse notoire, et elle doit réunir un brin de chacun sans ...