1. Mon patron, cet abruti (4 / 7)


    Datte: 03/08/2021, Catégories: nonéro, humour, policier, aventure,

    ... Tu te fais un cinéma.— Tu ne les connais pas ! T’as bien vu avec ta voiture, non ? Je pense à ma Renault, emboutie à l’arrière, endommagée à l’avant, et avec deux vitres latérales pulvérisées. Les temps ont été durs pour elle. — Je me demande qui va payer la note, tiens ! Je suis contente d’avoir glissé la question dans la conversation, et vois Cheryl qui ouvre la bouche pour répondre, mais à ce moment le carillon de l’entrée se fait entendre. — T’attends quelqu’un ?— Non, dis-je en allant vers la porte.— N’ouvre pas !— Mais non ! Je regarde par l’œilleton, au moment où on sonne à nouveau. — C’est Darville ! dis-je en me tournant vers Cheryl.— Merde !— Il est dans le coup ?— Je te crois ! Il faut se tirer d’ici ! Et en vitesse ! Je n’ai pas spécialement envie de me tirer en vitesse, mais je n’ai pas non plus une folle envie de parler à Darville ; et encore moins s’il a des intentions malsaines ! Je l’entends qui cogne à la porte et la secoue pour essayer de l’ouvrir. — Il y a une autre issue ?— Non, dis-je.— C’est malin !— Désolé. Mon appartement n’est pas prévu pour Mata-Hari !— Un balcon ?— Troisième étage, je te le rappelle. Tu veux sauter ?— Crotte ! On insiste. Des coups résonnent sur le battant. — Je compte jusque trois, dit Cheryl, puis tu ouvres d’un coup.— Tu vas faire quoi ?— T’occupe ! dit-elle en prenant une statuette en bronze, figurant un chat assis.— Hé ! Mon chat !— T’en fais pas. Je compte : un… deux… et trois ! ...
    ... Je tire le verrou et ouvre d’un coup. Cheryl fonce, au moment où Darville, surpris, s’encadre dans l’ouverture. — Bonjour ! dit ma collègue en balançant un coup de chat de bronze sur le front du visiteur. Darville s’effondre, sonné. Il essaie de se redresser, mais ne sait apparemment plus où il est, et retombe assis, adossé au mur du couloir. — On se tire ! ordonne Cheryl.— Tu l’as tué !— Mais non ! Il est solide, cet abruti ! Filons !— Mais… il saigne !— Et toi ? Tu saignes jamais ?— Si, mais…— Tu vois ? Et pourtant t’es pas morte ! Elle veut démarrer vers les escaliers, mais à ce moment Devreux, le concierge, surgit en trombe dans le couloir et se précipite vers nous. — Merde ! Elle fait demi-tour et moi aussi, et on reflue dans l’appartement en essayant de fermer la porte, mais le concierge se précipite et pousse de tout son poids. Je suis projetée contre le mur, et Cheryl Lang part en arrière, trébuche contre un portemanteau sur pied et s’écroule en emportant vestes, parapluies et leur support dans un impressionnant tintamarre. Deux secondes plus tard, Devreux ricane en braquant vers nous un revolver qui, malgré sa petite taille, n’a pas l’air d’être un jouet, tandis que Darville, en titubant, entre dans l’appartement et referme la porte derrière lui. Cheryl se relève et nous reculons toutes deux vers le living. Nos visiteurs ont beau avoir un drôle de sourire sur les lèvres, je n’ai pas l’impression qu’ils sont là pour rigoler. 
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