Paris, un hiver
Datte: 16/08/2021,
Catégories:
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Gay
... longtemps, j’ai envie de te voir… dit-il avec une moue de voix comique.— Bon ça va, quelle adresse ? dis-je comme si cela me coûtait alors que rien ne me retenait.— T’es près de quel métro ?— Bastille.— Je passe te prendre, on prendra le métro ensemble, on discutera.— OK, ça marche. Dans un quart d’heure. Je raccrochai, prêt à essuyer un refus de la part de mon père ; quelle surprise ne fut pas la mienne lorsqu’il accepta. Je lui donnai juste l’adresse à laquelle j’allai, que Jimmy m’avait donné juste avant de raccrocher. Je descendis de l’immeuble sur le trottoir arrosé des lumières de la place et, passant devant l’opéra, je me dirigeai vers la station de métro. Je me plantai devant, attendant et, au bout du quart d’heure convenu, je le vis. Une haute silhouette s’avançait vers moi. — Pierre !— Toujours aussi ponctuel, ça fait plaisir, t’as pas changé, vieux ! Il arrivait à ma hauteur, et je le reconnus plus que jamais. Un mètre quatre-vingt-dix de muscles parfaitement galbés, des cheveux noirs de jais, une barbe naissante, le tout emballé, pour le haut dans une chemise blanche recouverte d’une veste en cuir et pour le bas dans un pantalon de toile beige. — He ben, t’es pas frileux, toi, t’as vu comment je suis fringué, moi ? C’est vrai que j’avais sorti le manteau, les deux pulls, l’écharpe et le béret, alors qu’il faisait à peine zéro. — Je suis une bête à sang chaud, tu devrais le savoir… Alors là, il faut que je vous fasse part d’une anecdote à propos de nos rapports, ...
... sinon, vous ne saisirez pas toute la subtilité de l’embarras dans lequel je me trouvai après cette phrase. C’était à la fête de la musique dernière, vers minuit, alors que je n’avais encore rien bu, j’étais plongé dans l’euphorie la plus totale. Riant à tout, chemise ouverte, mes cheveux mi-longs en bataille. Je me suis retrouvé dans un groupe d’amis dans lequel il se trouvait. Durant toute l’année scolaire, partagé entre l’amour de cette fille qui était maintenant mienne et le désir que j’avais pour d’autres hommes, je l’avais regardé de l’œil de l’envie. J’avais envie de lui, de son corps foutrement beau, de sa bouche, de sa langue, de son sexe, de tout. Et avec ses amis, nous étions assis dans l’herbe. Et, ne pouvant retenir une pulsion inopinée, je me plaçai derrière lui, alors qu’il riait toujours avec les autres, je plaçai mes mains sur ses épaules, et je commençai à le masser. — OK, si tu veux… avait-il répondu. Je m’appliquai à ce que je faisais, et le sentis se détendre sous mes doigts. Je sentis les muscles de son cou se décontracter, bouger à mon approche, à mon contact. Sa peau portait sa sueur, ce nectar aux senteurs poivrées, épicées, enivrantes, tellement entêtantes que je plongeai mon nez dans son cou. Personne ne le remarqua, semble-t-il, mais il faisait noir, et beaucoup de nos amis étaient allés écouter un groupe sur la scène juste à côté. Il ne me repoussa pas. Il pencha même un peu la tête de côté pour que je puisse mieux le sentir. Sa respiration s’était ...