Du côté de chez Karen - Histoires de Sexe

Du côté de chez Karen

... pouvait décemment avouer penser à elles pour se stimuler lors des frictions matinales sous la douche. Il avait passé des semaines à poursuivre une "Inaccessible" prénommée Karin et, devant l’indifférence de sa proie, commençait à peine son travail de deuil… Il logeait dans une résidence mixte et rentrait parfois des cours avec quelques camarades de classe (bien que souvent, il préférât faire l’ours en errant seul : on n’atteint pas la virginité à vingt ans sans une certaine dose de misanthropie). Parmi les dits camarades, il y avait Karen, qui avait l’ironie de porter presque le même nom que "l’Inaccessible" Karin. Physiquement, il ne pouvait pas trop y avoir de confusion. Karin était très féminine, autour du mètre soixante-dix, avec des jambes fines, des petites fesses souvent bien mises en valeur dans des jeans étroits, une petite poitrine mais un visage d’ange, avec de longs cheveux noirs parfaitement entretenus à la "l’Oréal parce que je le vaux bien". Karen, si elle faisait la même taille, avait un look de garçon manqué, toujours en jean-pull bleu, des proportions plutôt athlétiques et une coupe… à la garçonne, forcément. Par contre, elle avait "quelque chose"… Pour tout dire, elle avait des gros seins. C’est laid, de le dire comme ça. Les poètes s’offusqueraient de la pauvreté et de la banalité de cette formulation. Mais à vingt ans, les commentaires sur le physique des filles sont souvent d’une simplicité confondante. Il y avait bien Céd, un des gars de la bande, ...

... pour innover en la matière, mais c’était, en général, pire : — Elle est mettable. Voire pine-au-cul-mettable. Mais elle a une sale tronche. Ou alors, avec un seau. Sur quoi Travis avait surnommé Karen, "Seau-girl". Un jour qu’ils rentraient tous les deux, elle lui demanda : — Tu fais quoi, c’t’aprèm ?— Y a le TP de demain à préparer. C’est à mon tour de rédiger.— Et… c’est tout ?— Euh… J’ai une affiche à soumettre pour la réunion du club, ce soir, mais c’est pratiquement bouclé, il reste du fignolage, même pas…— Tu profites pas du jeudi après-midi pour faire un peu de sport ?— Hum… Chuis pas un Dieu du sport… Ce trimestre, je fais du foot et je galère pendant une heure trente chaque semaine… Je manque d’endurance…— Tu pourrais t’entraîner… Faire du footing en plus, ça améliorerait ton souffle ! Je vais courir tout à l’heure, vers cinq heures, ça te dit ?— Euh, ouais, pourquoi pas ?— Alors rendez-vous à cinq, tu passes me chercher ?— OK. Ils se séparèrent à l’étage et, dans le couloir, Travis se sentait déjà mi-figue mi-raisin d’avoir accepté l’invitation… Bof, ça ferait pas de mal de courir davantage. Le déjeuner et l’après-midi filèrent vite. Il croisa toutefois en coup de vent son coturne Gérard et lui demanda ce qu’il avait de prévu de son côté. Gégé était toujours overbooké cette année-là, et souvent en vadrouille partout sauf dans leur chambre. Travis en profitait pour squatter son ordinateur plus que de raison et pour régner en seul maître sur les immenses dix-huit mètres ...