1. En route pour le bout du Monde


    Datte: 28/11/2017, Catégories: fh, voyage, voiture, Oral fantastiqu, québec, humour, fantastiq,

    ... roulais pourtant à 110 km/h, la limite permise ni plus ni moins. C’était ma devise. Mais comme l’outarde avait, Dieu seul sait comment, appelé du renfort, j’appuyai sur le champignon. Mais elles volaient, alors elles coupaient dans les détours et les côtes, pas moyen de les distancer. Merde ! Je voyais déjà les petits os d’une outarde dans un bac en métal sur le comptoir de Dorine, et Marie riait. Je décidai d’arrêter à une petite halte routière pour aller aux toilettes, manger quelque chose et boire un bon café chaud mais surtout pour me débarrasser de ces damnés volatiles qui me tapaient sur les nerfs. Les oies continuèrent en criant. Ouf ! Mais j’avais tourné au dernier moment et sur les chapeaux de roues pendant que Marie hurlait cramponnée au tableau de bord. Une fois stationnés, elle me toisa méchamment en sortant du camion et les oies revinrent comme des enragées nous tourner autour, on dut courir tête baissée pour nous réfugier dans le restaurant sous le regard étonné des clients. Il ne manquait que ce bon vieux Hitchcock et ses petits chiens. Une fois sorti des toilettes et assis à une petite table de la cafétéria avec Marie occupée à signer des autographes tandis que la plèbe m’ignorait comme toujours, je vis mon beau Hummer couvert d’oies sauvages avec plein de gens qui filmaient l’étrange phénomène. L’une d’elles semblait me fixer en déféquant sur mon beau camion. — Merde ! me dis-je justement en prenant une gorgée de café brûlant. Outch ! — Monsieur ?— Hum ! ...
    ... fis-je en tournant la tête. Je vis une petite fille de cinq ans environ qui me regardait tandis que sa mère se faisait poser avec Marie. — Ouiii ! dis-je heureux certain qu’elle m’avait reconnu.— Je vous aime pas ! Je lui fis mon plus beau sourire à la Clint Eastwood histoire de l’effrayer. Elle partit en riant avec sa mère. — On aurait dû prendre l’avion, se plaignit Marie enfin seule avec moi en se brûlant à son tour avec le café. On y serait depuis longtemps. Une bonne thérapie, ça te ferait du bien. Ça se soigne, tu sais ! C’est pas croyable un gars qui n’a jamais fait de vélo ou de patin à roulettes ou pris l’autobus et qui a eu sa première auto à quarante ans !— Je suis un marcheur, beauté céleste !— T’aurais surtout dû vivre dix mille ans plus tôt, avant qu’on invente la roue. Je me contentai de sourire. On mangea un hamburger fade avec des frites surgelées presque encore surgelées. J’avais troqué ma pipe trop dangereuse contre des cigarillos comme mon idole. Je m’en mis un dans la bouche distraitement en cherchant mes allumettes de bois dans mes poches. — Non, fit Marie, c’est interdit de fumer ici. Je soupirai, me contentant de le mâchouiller en fixant la maudite outarde qui donnait de furieux coups de bec sur mes gros phares à brume tout neufs installés sur le toit. — On a acheté quelle chose pour le souper de Noël ? grommelai-je les dents serrées.— Quoi ?— Rien ! Y vendent des armes, ici ?— Dans une halte routière ! Ça m’étonnerait, Paul. Seigneur ! C’est juste des ...
«1234...7»