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3 times and you lose
Datte: 02/12/2017, Catégories: mélo,
... Et… je crois que ça vaut aussi mieux pour moi qu’on se parle pas pendant quelque temps…— Bien. Rien de plus con à répliquer, Charlotte ? Que ce « bien » pourri, prononcé d’un ton neutre, pendant que tu regardes tes ongles ? Mais Pauline s’était déjà levée. Elle prit son sac, me fit un sourire incertain, et sortit. Je la suivis du regard, incapable de ressentir de la peine. — Ça va ? Bon sang ! Un frisson me parcourut. Malko était là, devant moi. Une bière à la main. — Toujours pas d’alcool ? demanda-t-il d’un air dépité. Je lui souris… puis éclatai finalement de rire. — Non, toujours pas. Malko secoua la tête. — Si c’est pas malheureux, bougonna-t-il. * * * Là encore, le temps passa vite. J’étais dans un tel état de choc, de toute manière, que je me sentais à la fois flotter et peser comme un boulet. L’ambiance au petit café battait son plein. Heureusement, Malko avait de l’aide bénévole. Les habitués servaient parfois les clients, quand il était trop occupé pour le faire. J’étais allée vomir plusieurs fois, mais à minuit je jetai l’éponge. — Je rentre, Malko, je suis vraiment trop mal, allai-je glisser à l’oreille de mon ami. Il me regarda jusqu’au fond des yeux. — Va dormir là-haut m’intima-t-il. Je te laisse pas toute seule cette nuit. L’invitation était tentante. J’habitais tout près, mais rien qu’à l’idée de rentrer toute seule dans la nuit, pour retrouver mon petit studio d’étudiante solitaire, j’en avais des palpitations. — Tu es sûr ? Je ne voudrais pas déranger…— ...
... Charlotte… me réprimanda-t-il. Je souris. — Merci. Je vais me reposer un peu, puis je rentrerai chez moi. D’accord ?— Tout ce que tu veux, assura-t-il. Viens, je te guide. Il me prit par le coude, et nous sortîmes par la porte de derrière, qui montait à l’étage du café, où résidait Malko. En silence, nous montâmes les escaliers, traversâmes un couloir obscur, puis Malko me dirigea, toujours me tenant par le coude, jusqu’à une pièce faiblement éclairée. Çà et là, quelques bougies allumées. Dans un coin, à même le sol, une lampe marocaine en peau de chèvre teinte en rouge diffusait une lueur chaude qui rendait la petite pièce accueillante. Un canapé moelleux, une télé, quelques meubles, une table. — Je t’installe là, d’accord ? proposa Malko en dépliant le canapé. Son regard avait changé. Était-ce dû à l’ambiance un peu érotique qui régnait ici ? J’avais l’impression qu’il me désirait. Hésitante, je fis quelques pas dans la pièce, sentant son regard suivre tous mes mouvements. En me tournant enfin vers lui, je vis son sourire. — Tu les mets là, tes maîtresses ? demandai-je à voix basse. Son sourire s’élargit. — Pourquoi pas ? rétorqua-t-il, sûr de lui. À quelques mètres de lui, je le contemplais en silence. Pas de la même manière que d’habitude, toutefois. Je regardais ses yeux marron et brillants, sa bouche mince, la barbe grise qui bleuissait son menton. Ses cheveux fous qui ondulaient jusqu’aux tempes. Son corps bien proportionné, bien qu’un peu trop filiforme à mon goût. Oh, ...