La lettre inédite
Datte: 08/12/2017,
Catégories:
fh,
fplusag,
alliance,
Oral
pénétratio,
fsodo,
exercice,
lettre,
historique,
pastiche,
De Versailles, le 14 octobre 1668 C’en est fait, ma fille, vous êtes mariée, vous le serez, je vous ai accordée en mariage il y a une heure, et tout cela selon votre désir. Monsieur de Grignan entra ce matin dans mon appartement pour me demander votre main. Il commença par me faire vingt compliments sur ma beauté, bien que je fusse vêtue et coiffée aussi simplement qu’on peut l’être dans son intérieur et à cette heure, encore que les épaules et la gorge un peu découvertes. Arrivé au bout de ses éloges, il se trouva un peu court et embarrassé, d’autant que refusant mon invitation à prendre un siège il était resté debout devant moi assise dans un fauteuil. Enfin, il mit un genou à terre et me fit sa demande, d’une voix aussi tremblante que s’il était un grimaud et non un homme fait qui n’a, je crois, que quelques années de moins que moi. Je le rassurai en disant que cette union satisfaisait aussi bien votre coeur que l’intérêt de nos deux familles. À ces mots, il fut aussi joyeux que vous l’imaginez et se jeta tout à fait à mes genoux, me baisant cent fois les mains jusqu’au coude ; je crois même qu’il baisa un peu mes genoux, m’appelant entre deux baisers la meilleure, la plus généreuse et la plus charmante des belles-mères. Je lui dis, moitié riant, que le proverbe selon lequel pour épouser la fille il faut plaire à la mère n’était peut-être pas à suivre avec tant d’assiduité. Il me répondit qu’il le trouvait quand à lui fort juste, et se releva pour me baiser à nouveau ...
... cent fois sur les deux joues, c’est-à-dire un peu au-dessous de mes joues, c’est-à-dire dans le cou, c’est-à-dire à la naissance de ma gorge, c’est-à-dire sur ma gorge ou du moins sur tout ce que mon corsage en montrait. Arrivant au bout de son centième baiser, il se trouva comme les conquérants à qui la terre manque à moins qu’ils n’élargissent le théâtre de leurs conquêtes. Il délaça donc mon corsage et écarta les pans de ma chemise, le tout en croyant bon de s’écrier "ô bienheureux sein qui a nourri ma bien-aimée", ce qui serait déjà ridicule dans un madrigal et l’est bien plus en prose, d’autant que comme tout un chacun dans notre monde vous avez eu une nourrice. Enfin, mes épaules et le bienheureux sein se trouvèrent tout à fait à l’air. Une vieille femme de quarante-deux ans, telle que je suis, n’est sans doute plus avantagée aussi bien que vous ne l’êtes à votre âge ; toutefois l’art de nos corsetiers, et le mélange de palpitation et de raideur dans lequel les caresses de votre prétendant m’avaient mise, me permettaient de lui paraître sous mon meilleur jour. Il en eut l’air charmé, et me le montra aussitôt en portant ses mains là où nulles autres mains d’homme n’ont été, sinon celles de feu Monsieur de Sévigné, votre père, et de… mon Dieu, vous avez connu certaines de mes faiblesses. Pour lui, il y mit non seulement les doigts mais la bouche, et la bouche jusqu’aux dents, si bien que je crus un moment qu’à défaut de ma fille j’allais nourrir mon gendre. Tout au moins me ...