1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 12/12/2017, Catégories: nonéro, policier,

    ... salaud ! Liana respira à fond. — Je vous répète que je le connais à peine, dit-elle d’une voix posée. Et vous m’insultez…— Menteuse ! Tu es sortie de chez lui ce matin ! Tu crois pas que j’ignore ce que ça veut dire ! fulmina Charles, sa casquette de guingois sur son crâne à moitié chauve. Le sang de Liana se glaça subitement dans ses veines. Ce… type… l’avait… espionnée ! — Mais enfin qui êtes-vous ? s’écria-t-elle. Charles bondit de la banquette et se penchant sur la jeune femme terrorisée, approcha son visage tout près de celui de Liana. — Tu vas arrêter de le voir, parce que tu connais la suite ! la menaça-t-il d’une haleine empestant l’alcool. Liana le regarda alors avec des yeux écarquillés. — C’est vous ! cria-t-elle d’une voix vibrante. Charles se redressa, vit le barman se diriger vers lui, puis reporta son attention sur la jeune femme. — C’est vous qui m’avez donné ce journal ! cria Liana, ses yeux jetant des éclairs. Le journal d’une femme ! Qui est-ce ?— Un journal ? répéta Charles, de plus en plus nerveux. Il ôta sa casquette, passa une main sur son crâne en sueur, et fit un semblant de sourire au barman. — Dites donc, monsieur, intervint celui-ci, alors qu’il se trouvait à quelques mètres d’eux, vous importunez cette jeune femme ? Vous voulez avoir des ennuis ? Il vous importune, mademoiselle ? Avant que Liana ait pu répondre par la positive, Charles, tout près d’elle, la devança : — De quoi tu parles, poupée ? De quel journal ? l’apostropha-t-il violemment. À ...
    ... voir son visage crispé, il n’avait jamais entendu parler de ce cahier. Liana fut soudain persuadée d’avoir commis une erreur monumentale et se terra dans un silence de tombe. Il avait l’air trop surpris pour être au courant de ce fait. Ah ! Tomaze se moquerait bien d’elle, s’il la voyait à cet instant ! Elle lui avait tellement rebattu les oreilles avec la prudence et la confiance… Le prétendu Charles lui jeta un dernier regard perplexe et inquiet, puis décampa. Elle se pencha pour l’apercevoir à travers la vitre. Il traversait la rue d’un pas pressé. — Vous allez bien, mademoiselle ? demanda alors le barman, l’air préoccupé. Je voyais bien que ce type était bizarre, mais je me suis demandé si vous le connaissiez… Liana n’écouta pas le reste. Elle finit son verre, pensive, le cœur battant la chamade. Elle ignorait dans quel pétrin elle s’était fourrée, mais la tournure des évènements ne l’incitait pas à se sentir en sécurité. Qu’allait-elle faire ? — Tomaze ?— C’est vous, Liana ?— Vous le savez très bien, votre secrétaire vous l’a dit. Il faut que je vous parle. L’écrivain posa lentement son stylo sur le bureau et serra le combiné un peu plus fort contre son oreille. — Je vous écoute, répliqua-t-il.— C’est un peu délicat, vous permettez… La voix de Liana n’était pas comme d’habitude. Vraiment pas. Elle semblait embarrassée, et il y percevait même comme un fond d’appréhension. — Quelque chose ne va pas, Liana ? demanda alors M. Tomaze, calmement. Pourquoi ne pas passer à mon ...
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