1. Chroniques immortelles - Le voleur de feu. (3)


    Datte: 26/12/2017, Catégories: Trash,

    — Putain de coq ! Christelle pouffe. Fadila se met à rire. Le soleil se lève à peine, et ça fait déjà de longues minutes que ce maudit volatile a commencé ses vocalises. En voilà un qui va finir avec une broche dans le cul ! — Je n’ai pas de réveil, reprends Fadila. Je n’en ai pas l’utilité. Le soleil et ce... putain de coq me suffisent amplement. Et puis j’ai tellement à faire, beaucoup à faire dans ma petite ferme. — Eh bien on va t’aider ? — M’aider ? Tu sais traire une chèvre ? Demande-t-elle amusée. — Mais oui ! Tu sais, ma jeunesse, la bergerie... — Ah oui... Et toi Christelle ? — Aussi. L’Afghanistan... Nous éclatons de rire toutes les trois. Nous passons encore quelques minutes les unes contre les autres à nous raconter nos souvenirs, d’enfance pour l’une, de guerre pour l’autre. Nous finissons par nous chamailler en riant comme des gamines. Ça pourrait être le bonheur... Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons autour de la table devant une grande casserole de lait de chèvre et des galettes de maïs confectionnées par Fadila. Et c’est un délice ! A ce moment, une chèvre passe la tète par l’entrebâillement de la porte et pousse un bellement plaintif. — Ah celle là ! s’exclame Fadila. Toujours a vouloir être la première. Vous êtes sures que ça ira ? Nous nous levons d’un seul geste, mais Fadila nous arrête. — Oh attendez. Vous allez salir vos vêtements, nous dit-elle. Si vous voulez, vous pouvez mettre une djellaba ? Christelle moi nous consultons du regard. Et ...
    ... pourquoi pas ? Aussi, cinq minutes plus tard, dûment équipées, nous rejoignons les chèvres avec des seaux à la main. On croirait voir trois femmes berbères si les cheveux blonds de l’une d’entre elle ne trahissait son origine européenne ! A nous trois, nous avons rapidement fini de traire la douzaine de chèvres. Fadila a mis une partie du lait à cailler. Elle nous montre sa petite réserve de fromages en train de s’affiner. Elle ouvre la porte du poulailler, libère les lapins du clapier, lâche le petit âne qui attendait dans sa stalle, puis nous entraîne vers le potager. Soudain Christelle pose sa main sur mon poignet. — Ma chérie, j’adore Fadila et cet endroit, me dit-elle. Mais oublierais-tu pourquoi nous sommes là ? Punaise oui, j’ai presque oublié. Et merde... J’étais si bien, j’avais la tète dans les nuages... — Je n’ai pas oublié, bien sur, dis-je en priant pour que Christelle ne voie pas mon mensonge éhonté. Mais regarde là, elle est tellement heureuse de notre présence. On va laisser encore un peu de temps avant de rentrer dans le vif du sujet. Fadila est en effet ravie de nous faire le tour de son potager, un grand espace clôturé ou poussent toutes sortes de plantes. — Je suis obligée de clôturer. Mes chèvres et mon petit âne aiment trop mes légumes ! Même les poules s’y mettent aussi parfois, sans parler des lapins. Voyez, je fais pousser des courgettes, des aubergines, des tomates, des... Je suis médusée. Je n’ai jamais vu un potager aussi verdoyant avec des plants ...
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