1. De Corps et d'Âme (1)


    Datte: 28/12/2017, Catégories: Erotique,

    "De Corps et d’Âme" - Nouvelle érotico-fantastique en 7 chapitres - Théo Kosma Chapitre 1 – La lettre Lorsqu’une jeune fille est encore au lit à une heure tardive, seule, effondrée, tenant une lettre entre ses mains, il s’agit généralement d’un chagrin d’amour. Le courrier d’Amaury, pourtant, ne comportait aucun mot de rupture. Au contraire, tout n’était que paroles d’amour. Sandrine était tantôt couchée, se retournant sur elle-même telle une petite fille faisant un cauchemar, tantôt à genoux serrant la feuille contre son cœur comme une religieuse priant avec son crucifix. Tantôt enfin assise, lisant, relisant sans arrêt chaque phrase. Depuis ce matin se déroulait le même petit manège pathétique. C’était inutile, elle le savait bien. S’imprégner de cette feuille jusqu’à la savoir par cœur n’avait rien de sain. Tout psychologue le lui aurait dit, tout ami l’aurait prise par la main pour l’emmener dehors. Bouger, s’aérer, voir du monde. Son mobile était coupé, quant au fixe elle ne répondait pas lorsqu’il sonnait. La jeune fille avait tout juste eu la force de prendre sa douche et de se sécher. Désormais, elle ne se sentait plus capable de rien, pas même d’aller fermer les rideaux ou les volets. Si ça setrouve on la voyait, qu’importe. En fait, en cet instant plus rien ne lui importait. Dans l’immeuble, on aurait crié à l’incendie qu’elle ne sait même pas si elle aurait tenté de fuir. Pour un œil pervers, la scène devait avoir une note d’érotisme. L’étudiante se répétait ...
    ... qu’elle ferait mieux de ranger le papier au fond d’un tiroir. Pour peut-être le ressortir un jour, lorsqu’elle aurait fait son deuil. Pour l’heure, elle ne parvenait à s’y résoudre. La plaie était trop vive, et surtout bien trop fraîche. Amaury était porté disparu depuis à peine trois jours, et cela faisait tout juste vingt-quatre heures que sa mort était certaine. Tout le monde n’était pas encore au courant, elle n’avait pas le courage de passer tous les coups de fil qu’il fallait. Ni l’indécence de publier un billet sur son réseau social. Ils sauraient bien, de toute façon. Avec le journal, la radio, les amis d’amis, la triste nouvelle se propageait en ce moment même comme une traînée de poudre. Pour preuve, le fixe avait sonné une bonne vingtaine de fois aujourd’hui. Elle ne mettait aucun tabou sur le mot. « Décès » serait le terme de circonstance destiné à la famille et aux amis. À elle, ce terme semblait bien trop doux pour une réalité si atroce. En principe, tout un protocole devait à présent s’engager. Appeler tout le monde, se rendre au samu, s’informer du rapatriement du corps, organiser les obsèques avec la famille. Pour l’heure, Sandrine en était totalement incapable. Au moins dans le cocon de sa chambre, le silence et l’enfermement apaisait peu à peu la douleur. Ou tout du moins ne la faisait pas empirer. Vingt-deux ans à peine, c’est vraiment trop tôt pour perdre à jamais l’amour de sa vie. Certains auraient considéré que c’était trop tôt pour une relation aussi sûre, ...
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