1. L'incandescence des sens


    Datte: 06/07/2017, Catégories: fh, hplusag, amour, pénétratio, humour,

    ... avec la boisson, me taquine-t-elle. Elle reprend néanmoins une bonne lampée, comme pour s’aider à me dire quelque chose. Elle semble troublée. Elle se lance, émue, avec un timbre de voix qui devient plus ample, plus grave. — Moi aussi je vis seule. Je veux dire, seule avec Louis. Avant sa naissance, j’ai vécu plusieurs années avec ma compagne. On s’aimait. On travaillait toutes les deux dans un laboratoire de recherche. Un jour, j’ai été invitée à donner une conférence sur les résultats de mes travaux. Ce congrès de cinq jours était organisé à Saint-Louis, dans le Missouri. Je faisais partie des invités qui devaient parler le premier jour. Nous étions logés dans un même hôtel. En fin de journée, je suis sortie sur le balcon de ma chambre pour prendre l’air. J’entendais siffloter sur le balcon voisin. Je me suis penchée pour jeter un œil par-delà la séparation entre les deux balcons. Je reconnus un des orateurs du matin. Je connaissais la qualité de sa recherche. J’avais apprécié la clarté de son exposé. Je lui ai envoyé un « hello » sonore. Il sursauta, et pouffa en voyant ma tête dépasser dans le vide. On s’est mutuellement congratulé pour le succès de nos exposés. On s’est mis à discuter de leur contenu. Voulant nous montrer des résultats, on s’est dit que ce serait plus simple de les discuter dans ma chambre. Il rentra dans la sienne pour aller les chercher. Je me suis dirigée vers la porte du couloir pour lui ouvrir. Surprise, je l’entendis rentrer par la porte-fenêtre de ...
    ... ma chambre. J’ai éclaté de rire en pensant au risque qu’il avait pris pour enjamber la rambarde des balcons. On était quand même au sixième. Les résultats étaient intéressants. Les données propres. Nos interprétations divergeaient. La discussion s’enflammait, chacun voulant imposer son point de vue. Nous restions sur nos positions, inflexibles. On s’impressionnait mutuellement, scientifiquement. On se découvrait. Nos corps se sont découverts. On s’est aimé… Les quatre soirs suivants, on se retrouvait, soit dans sa chambre, soit dans la mienne, mais toujours en enjambant le garde-fou de nos balcons. On était un peu fou. Fou de l’autre. Le dernier soir, on s’est promis d’enfermer pour toujours notre aventure dans nos jardins secrets, sans plus y faire allusion en aucune façon. Elle s’interrompt, reprend une gorgée de blanc, en apprécie la fraîcheur. Sans un mot, je la laisse décider pour la suite. — Le lendemain, on s’est dit adieu à l’aéroport. Il prenait un avion pour l’Australie. Moi pour l’Europe. Nous emportions nos souvenirs. Sans le savoir, il m’avait laissé un petit souvenir, très personnel. Neuf mois plus tard, le petit souvenir prit le nom de Louis, en mémoire de la ville où j’ai connu son père, qui était beau, intelligent, spirituel, et très tendre… Le désir d’un enfant me taraudait à cette période. Ces jours-là, j’étais féconde. Il ne savait pas. Ces soirs-là, il m’a fécondée. Il n’a jamais su… Elle laisse sa phrase suspendue à ses lèvres. — Ce fut trop dur pour ma ...
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