Le Fauteuil : L'objet
Datte: 07/07/2017,
Catégories:
fh,
bizarre,
policier,
fantastiqu,
fantastiq,
... Bien qu’il n’y ait eu aucun certificat d’authenticité, de nombreux enchérisseurs du monde entier se sont battus à coups de clic gauche lors des cinq dernières minutes de l’enchère. oo00oo Il est pris d’une frénésie et clique et tape des sommes de plus en plus colossales, en pressant la toucheEntrée avec l’index, les yeux rivés sur l’écran de son Mac. Il ne sait qu’une chose. Il le veut comme il lui arrive de désirer de charmantes inconnues dans la rue ou dans les bars. C’est pareil ! Il ne peut l’expliquer mais il lui faut cet objet. Il faut qu’il le touche, qu’il respire sa boiserie. Que son dos se colle au dossier, s’y frotte. Quand eBay le congratule d’avoir remporté l’objet, il est tout content, tout fou, comme un gamin à qui on offre le dernier jeu PS3 pour son anniversaire alors que cela n’est pas prévu. Il est tellement heureux qu’il s’ouvre une bouteille de champagne et la boit jusqu’à la dernière goutte, sans prendre la peine de la laisser un instant au frigo pour le boire frais. Ce soir-là, lorsqu’il se couche, il s’endort vite. Probablement à cause du champagne. Mais pendant la nuit son sommeil devient agité et il fait un cauchemar. UPS se gare devant sa porte dans leur van marron foncé. Un type sort le fauteuil auquel il manque deux pieds sur quatre ! De derrière sa baie vitrée, il est furieux ! C’est quoi ce bordel ? Il n’est pas cassé sur la photo d’eBay ! Puis sa colère se mue en courroux divin. Celui de l’Ancien Testament. Le Talion et tout le tralala. Plus le ...
... type approche et plus il devient fou de rage. Le tissu du fauteuil n’est pas rouge, mais bleu. Un bleu moche. Un bleu fade qui ne ressemble à rien ! Il part dans la cuisine et se met derrière la porte d’entrée, un couteau pour découper de la viande dans les mains. Ding Dong. Il ouvre la porte. L’homme lui tend le bon de livraison avec un stylo pour qu’il signe. Il lui sourit d’abord, répond à son bonjour et, d’un coup, sa main droite, toujours derrière son dos, serrant le manche du couteau jusqu’à ce que les jointures de ses doigts blanchissent, surgit et taille profondément le livreur à la joue. Il ne dit rien les vingt premières secondes, se contente d’examiner sa blessure du bout des doigts, stupéfait par ce qui lui arrive. Trop tard ! Il ne pourra plus jamais rien dire ! La lame brillante du couteau s’enfonce dans son ventre. Plusieurs fois. Et le cauchemar s’arrête. Jusqu’à la livraison du fauteuil, il ne fait plus de cauchemars. Au contraire, il fait des rêves érotiques ! Il n’en avait plus fait depuis son adolescence. Du moins, pas aussi intenses. Il vit des idylles paradisiaques avec des nymphes toutes plus belles les unes que les autres. Et surtout toutes plus salopes les unes que les autres. Il peut tout faire. Tout leur faire. Le jour où le fauteuil arrive (il est content de constater que ce n’est pas UPS qui le lui livre), il est dans une espèce de transe mystique. Jamais il n’a ressenti autant de bonheur rayonner dans tout son corps. Il se dit que l’illumination ...