Trois mois de vacances
Datte: 16/01/2018,
Catégories:
fh,
hplusag,
voyage,
amour,
... et vider la nasse ; comme d’habitude, j’y ai trouvé une dizaine de poissons. Ces poissons vagues cousins des truites pullulent dans les eaux du torrent. J’en ai conservé trois et j’ai libéré les autres. Après avoir mis à sécher les vêtements de pluie près de la cheminée, je passe un des pantalons d’intérieur trouvé dans les valises. Dans cet accoutrement, je ressemble à un des zigotos de la cage aux folles. Nous en avons ri la première fois, mais nécessité fait loi, alors… Alors que je nettoie les poissons, j’entends Mai Line s’affairer nerveusement dans la pièce d’à côté. Elle, qui d’habitude est totalement zen me paraît inquiète. Elle vient régulièrement vers une des fenêtres (nous avons dégagé celle qui est à l’aplomb des lits), regarde à l’extérieur. La pluie la met mal à l’aise. Au premier coup de tonnerre, elle répond par un hurlement. Je me précipite. La tête cachée entre ses bras repliés, le corps agité d’un tremblement convulsif, elle est recroquevillée contre la baignoire. Sa robe remontée largement au-dessus des genoux découvre très haut ses cuisses. Si haut que j’aperçois un petit bout de culotte. L’heure n’est pas à la bagatelle, je m’agenouille près d’elle sans oser la toucher par crainte d’une rebuffade. — Mai Line, que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Elle se jette conte moi, vient se pelotonner entre mes bras. Elle tremble tellement que j’ai la trouille qu’elle convulse. Son cœur bat la chamade. Je suppose que l’orage l’a ramenée à la fragilité de ...
... notre situation et que l’apparence de sérénité qu’elle avait donnée jusque-là vient de s’effondrer. L’art des mots qui console n’a jamais été mon fort. J’essaie pourtant. — Nous avons eu de la chance, Mai Line. Nous avons un toit, de la nourriture. On va s’en sortir. Je sais que je suis pas de bonne compagnie, mais… Un éclair terrible, suivi quasi instantanément d’un fort coup de tonnerre. Mai Line se tétanise. Un long feulement de terreur crève mes tympans. J’ai tout faux. Notre situation n’est pas pour grand-chose dans son état. Elle a la phobie de l’orage. Là, je n’ai plus de mots. Je me contente de la câliner, de caresser ses cheveux soyeux. À chaque nouvelle déflagration, son corps se raidit. Je l’étreins, l’enveloppant de mes bras, mon menton posé sur sa tête. Elle ne réagit même pas. Elle finit par se calmer, sans pour autant se détendre. Je profite d’une accalmie pour l’amener, la porter plutôt devant la cheminée. Je l’installe. Je dois prendre ses mains les croiser devant ses genoux relevés pour qu’elle tienne peu ou prou assise. Elle est totalement inerte. — Regarde le feu. Concentre-toi sur les flammes et sur le bruit du bois qui crépite. Je l’abandonne un instant pour barricader les deux fenêtres avec leurs volets de fortune. Ainsi, si elle a toujours le son, du moins n’aura-t-elle plus la lumière. Nouvelle détonation, un peu moins forte, mais suffisante pour que Mai Line se remette à trembler. Vite, je m’agenouille à ses côtés, je la reprends dans mes bras et la ...