1. Le cri de Pinocchio (1)


    Datte: 28/01/2018, Catégories: Divers,

    La pleine lune est montée dans ce ciel d’octobre. Les gamins sont passés, déguisés en bêtes étranges et les paquets de bonbons se sont vidés au rythme des coups de sonnette. Derrière les carreaux, j’ai vu ces monstres étranges qui défilaient, avant de s’envoler en riant vers d’autres maisons. Dans la soirée, ils ont frappé à ma porte sans que je veuille ouvrir. Mais ils criaient tous comme des sauvages. Qui sont-ils ? Des gosses revenus du fond de ma mémoire ou des fantômes qui viennent pour hanter mes dernières nuits de ce mois d’automne ? Ils hurlent quelques minutes, des coups violents sont donnés partout dans les cloisons ou bien ne sont-ils vraiment que dans ma tête ? Je n’ose plus fermer les yeux ! Ils sont là partout à m’épier, attendant que je dorme pour me faire je ne sais quelles misères. Je lutte, je reste les regards fixés au plafond, sans un mot, je voudrais même ne plus respirer. Le Pinocchio de bois du dernier noël reste là, à se balancer des heures durant au pied de mon lit. Son nez s’allonge et vient se frotter contre mes jambes. Elles sont si lourdes, elles sont de plomb. Je n’arrive plus à savoir s’il faut que je crie, ou bien suis-je déjà en train de le faire ? La lumière, je ne veux pas qu’elle me quitte, il faut qu’elle reste là, qu’elle m’accompagne encore un peu ! Juste le temps que réapparaisse le jour. Quand il est de nouveau clair et que le pantin ne se balance plus, je suis apaisée, mais pas sauvée. Non ! Les voix remontent encore dans ces ...
    ... escaliers. Ceux de ce grenier où je vis, recluse sans échappatoire. Le cycle recommence, maman est là, un bol de bouillon à la main, qu’elle me tend de ces bras décharnés Elle n’a pas laissé la porte entrouverte, se contentant de me passer ce récipient de soupe. Mes mains n’arrivent pas à s’allonger suffisamment pour m’en saisir. Alors les voix sont là encore et encore. Un grand rire, celui de ma maman ? Il ne ressemble en rien à ces mots qu’elle me susurrait, mais c’était... il y a bien longtemps ! Le ciel est sombre sur un soir qui retombe et je suis toujours allongée. Des raies de lumières sont tout autour de mon petit lit. Il tangue, sur une mer déchainée, je me cramponne à des draps qui sont froissés et le nez de l’enfant de Geppetto, recommence un long mouvement de balancier. Il se glisse le long de mes cuisses, sans pudeur, sans que je ne sois en mesure de stopper son déplacement. C’est bizarre, cette terreur qui me serre la gorge. J’implore sa pitié, je hurle pour que ça cesse. Rien n’y fait et la chose froide s’enfonce toujours plus haut, entre ces jambes que je voudrais serrer. Je suis à demi nue sans raison. Ça bouge de partout dans cette sous-pente aux allures de prison. J’ai des frissons de terreur. Ce nase qui rampe entre mes deux guibolles pourtant ouvertes s’étire de plus en plus. Mais peut-être que ma vision des choses se restreint au point que la truffe qui m’écartèle en devient immense. Arlequin sur la commode clignote de partout et ricane et c’est moi qui semble ...
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