Le cri de Pinocchio (1)
Datte: 28/01/2018,
Catégories:
Divers,
... pourtant le faire vibrer. Les gnomes de la terre entière sont tous autour de mon pieu, et les dents serrées j’assiste impuissante à cette effarante, à cette monstrueuse avancée du bois ou de je ne sais quelle matière. Oh ! Geppetto pourquoi lui as-tu appris à mentir ? Je te hais et ma gorge au lieu de crier se serre de plus en plus. Ma voix se perd au fond de ma propre tête. Le singe aux cymbales se met à battre de toutes ses forces sur ses deux disques de cuivre. Alignés, les soldats de plomb entourent de leurs armes menaçantes la couche où je gis. Ils assistent tous à la mise à mort de ce que je voudrais garder le plus longtemps possible. L’appendice nasal touche ma culotte ! Mais pourquoi suis presque complètement à poils alors que mon derrière reste couvert ? Et la marionnette qui se joue de ce ridicule rempart, qui le pousse sur un côté. J’ai une bouffée de chaleur alors que la bûche façonnée se love là où je voudrais garder mes mains. Pas moyen d’échapper à cet horrible destin ? Les coups dans la porte se sont enfin tus. Le soleil est de retour sur le vasistas de ma mansarde. Avec lui l’abominable homme de chêne bat en retraite. Une autre assiette, servie par ce squelette qui me nourrit est là sur la minuscule table qui sert de chevet. Maman ? Dis-moi un mot, juste un sourire si tu ne sais plus parler. C’est moi qui ne mange plus et c’est toi qui te promènes avec une tête de déterrée. Pourquoi cries-tu ...
... aussi brutalement dans mon cerveau. Non, je n’ai rien fait de ce que tu dis ! Tu me promets l’enfer, et je sais, je le sens, que ce soir, il va venir à moi. Il a les traits de cette fichue pièce de bois ciselée. L’obscurité n’est plus couverte pas la lampe tremblotante et l’épine au milieu de la face blanche remonte entre mes... elle va plus vite, c’est plus rapide... mon Dieu ! Je voudrais crier ma peur, ma souffrance, mais je ne sais pas si je peux essayer seulement de le faire. La chambre est plongée dans le noir et cette chose qui pèse sur moi... Elle y est entrée, me rejetant dans la sombre nuit d’octobre, celle des sorcières. Et pourtant ce Pinocchio, je l’ai serré contre moi, je l’ai embrassé, je lui ai dit des milliers de « je t’aime ». Dans l’assiette, les aliments sentent mauvais. Plus rien n’a de gout et les bras de maman sont partis, remplacés par ceux de quelqu’un d’autre. La luminosité de ce matin particulier revient avec la sortie de mon sommeil agité. Mon lit a fait naufrage et ma vie aussi. Il était couché là, près de moi et n’avait pour toute excuse que la boisson... oh ! Toi qui m’avais donné la vie, tu as gâché ma jeunesse. Nous ne nous sommes jamais revus. Ce bonhomme de bois, cet auguste avait ton visage à l’aube de ce matin-là et même ta femme, ne m’a pas aidé... vluviibt Maman... ce n’était en rien ma faute... ! Vingt ans déjà et j’en cauchemarde encore... l’aigle noir ; c’était ... lui !