Peur et désir - Histoires de Sexe

Peur et désir

... l’atelier de Castres. Demain en début de matinée, il faut se rendre à Albi et « étudier » plus en détail leur montage. Comme je connais déjà les solutions, notre inspection ne durera pas très longtemps. On pourra donc se dégager deux à trois bonnes heures sans aucun problème. Ce que je ne dévoile pas à Bernadette, c’est qu’inspecter l’atelier de l’usine et le sous-traitant du sous-traitant entre complètement dans mes prérogatives. Quant à mon rapport d’inspection, je l’écrirai en rentrant de ce long week-end, c’est-à-dire mercredi prochain. — Et nous deux ? me demande Bernadette.— On ira à l’hôtel, mais pas n’importe quel hôtel. Il faut qu’on puisse garer la voiture directement devant la chambre. Et j’ajoute aussitôt : — Et en plus il faut qu’il soit bien insonorisé, car si vous réagissez comme devant la vieille usine…— Ah, vous êtes rudement culotté de me dire ça, me réplique-t-elle, quelque peu contrariée. En se rapprochant de Castres, la circulation devient plus intense. Bernadette met donc quelques instants avant de continuer à me questionner : — Mais si quelqu’un me reconnaissait quand même ?— Vous porterez un foulard et des lunettes de soleil. On ne pourra pas vous reconnaître.— Mais on pourrait facilement reconnaître ma voiture.— Non, car on prendra la mienne.— Ah, vous avez réponse à tout. Me vient tout à coup l’idée qu’il faut qu’on puisse me voir avec Mélanie et que lavox populi soit parfaitement au courant. — Ça vous ennuie si je demande à Mélanie de venir nous ...

... chercher ce soir à l’usine pour qu’on aille ensemble au musée Jean-Jaurès ?— Non, mais dans ce cas on ne sera pas seul tous les deux.— C’est fait exprès : je veux qu’on nous voie et qu’on la voie… y compris votre époux et le maximum de personnes de l’usine.— Si je comprends bien, Mélanie, c’est le prix à payer. Elle fait aussi partie de votre alibi en béton ?— Tout à fait. Dès qu’on sera arrivé, je vais en parler à votre mari.— Vous n’attendez pas que je sois revenue pour qu’on aille le voir ensemble ?— Oh non, surtout pas. Je veux être seul avec lui… Nous, on se verra après. Je suis convaincu qu’il va être ravi que sa femme soit absente pour plusieurs heures. Mais ça, Bernadette ne le sait pas ou fait semblant de ne pas le savoir. — À l’atelier, vous allez faire la connaissance de Maria, m’annonce Bernadette. Vous verrez qu’elle sera miel avec vous et fiel avec moi, c’en est presque risible. Une fois l’usine en vue, je déclare à Bernadette en prenant un ton faussement frustré : — J’ai été sage en voiture, mais c’est à cause de votre pantalon… Je n’aime pas caresser un morceau de tissu.— J’ai compris le message, tout à l’heure je mettrai une robe.— Non ! Je préfère une jupe et un chemisier : c’est plus pratique pour fouiner un peu partout.— C’est promis, vos désirs sont des ordres. Je déclare alors à Bernadette sur un ton très solennel : — Je prends acte de votre promesse. Bernadette me dépose devant l’usine, puis repart immédiatement chez elle pour se changer. Je me dirige ...