Peur et désir
Datte: 01/03/2018,
Catégories:
fh,
fplusag,
extracon,
Collègues / Travail
fépilée,
campagne,
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voyage,
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Oral
fdanus,
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... toujours à la même place. — Notre périple devrait prendre fin dimanche, à la gare de Toulouse-Matabiau, lui dis-je en conclusion. C’est là que Mélanie doit prendre son train pour rejoindre ses cousins à Dax, puis de là repartir en voiture pour aller sur la côte atlantique.— Et vous continuerez le soir avec la soirée tapas que ma belle-mère organise… Sacrée journée pour vous. Après cette courte description de l’escapade que je compte faire avec Mélanie, Bernadette me regarde avec une pointe de regret dans le regard. Elle entame un long monologue nostalgique sur les voyages et sur sa vie, une confession en quelque sorte : — J’aurais bien aimé faire le même genre de voyage avec vous après mon bac ou pendant mes études. C’est sympa de partir à deux, en amoureux, sans contraintes, pour visiter de belles choses et passer un moment agréable… Mais mon père était très strict, vous savez, je ne pouvais pas sortir comme je voulais.— Même quand vous étiez étudiante ?— Non ! J’étais plus libre, mais il faisait la tête. C’est Monique qui me défendait…— Monique ?— Monique, c’est ma belle-mère, la deuxième femme de mon père… C’est elle que vous allez rencontrer dimanche soir. Pour moi, c’était un peu ma grande sœur… Nous n’avons que douze ans d’écart. Puis Bernadette poursuit son long monologue comme pour conjurer son sort : — Maintenant, à mon âge c’est trop tard, vous pensez bien. Qui va me proposer ce que vous faites avec Mélanie ? Je n’ai plus vingt ans… et puis il y a mes enfants, ...
... mon mari… et toutes les contraintes familiales… Quel aveu ! J’ai à côté de moi une femme qui paraît avoir tous les atouts pour elle : l’élégance, le charme, les connaissances, le statut social… et elle semble me déclarer, en y mettant les formes, qu’elle aimerait partir avec moi pour visiter de belles choses et passer un moment agréable. Comme Bernadette ne parle qu’à mi-mots et que je l’imagine mal me faire des propositions directes, il faut qu’avec doigté, diplomatie et tact (on appelait ça le DDT quand j’étais étudiant), je l’amène à être plus prolixe. La situation est délicate. En cas d’erreur d’appréciation sur les intentions inconscientes ou secrètes de Bernadette, je risquerais d’avoir de grands moments de solitude. Sur le plan personnel, il n’est jamais agréable de prendre une veste avec le cintre en prime quand une femme se fâche. Sur le plan professionnel, il n’est jamais agréable de se faire remonter les bretelles par sa direction quand elle en est informée. En contrepartie, passer à côté d’une telle opportunité n’est pas vraiment dans mes habitudes. L’extrême prudence est donc de mise. Je décide donc de faire une suggestion très hypocrite à Bernadette : — Et votre mari, il ne peut pas vous proposer une fois de temps en temps une petite virée à deux, sympa, en amoureux… Vous pourriez confier les enfants pour quelques jours à votre famille.— Partir seule avec mes enfants, mon mari sera toujours d’accord. Il est toujours prêt à payer… C’est pour cela que je pars à ...