1. Un homme heureux


    Datte: 05/03/2018, Catégories: Collègues / Travail amour, Oral fsodo,

    Été 1955 Sur la route du bord de mer, le moteur de ma deux-chevaux tourne comme une pendule. On la croirait télécommandée. Certes, je suis au volant, mais tellement absorbé dans mes pensées que ce sont mes réflexes qui conduisent, pas mon cerveau. Ma sœur, ma maîtresse, ma femme, celle qui était tout pour moi vient de me rejeter, me ridiculiser devant témoins. Elle était tout pour moi. Orphelin, enfant de l’assistance publique, j’ai été placé de famille en famille au gré des décisions administratives. À quinze ans, je suis arrivé chez un couple de garagistes qui avait une fille de treize ans. Ils m’ont pris dans leur famille, m’ont aimé, je suis devenu leur fils et de ce fait, Isabelle, ma sœur. Elle se confiait à moi, aimait se blottir contre moi. Et en grandissant nous avons ressenti une attirance physique. Ce n’étaient que caresses mais de plus en plus érotiques, jusqu’au jour où pour fêter sa réussite au bac, nous nous sommes vraiment unis. Ses parents se sont vite aperçus de nos liens. Yvette, la mère a bien prévenu, mis en garde sa fille. Le père qui m’avait formé, me considérait comme ouvrier sérieux, capable, voyait dans cette relation une excellente chose. Pourtant, nous allions être séparés, Isabelle partait en fac et moi au service militaire. Dix-huit mois passés en Allemagne. Quelques jours avant mon retour à la vie civile, j’ai été convoqué chez le colonel. Quand il me dit d’entrer, je me présente au garde-à-vous. Ce dernier m’invite à m’asseoir ! C’est bien la ...
    ... première fois que je vois ça. — Mon ami, je viens de recevoir un coup de fil m’annonçant une mauvaise nouvelle pour vous. Madame Yvette Faure a eu un accident de circulation, et malheureusement est décédée. Son mari m’a expliqué votre situation et m’a demandé de vous prévenir. Incapable de dire un mot, je mets mes coudes sur les genoux, la tête entre les mains et pleure à gros sanglots. Ce n’est pas possible ! — Je vous présente mes condoléances. Ne peux malheureusement pas vous accorder de permission : ce n’est pas une parente, mais vous rentrez la semaine prochaine. Je n’ai pu assister aux obsèques. À mon arrivée, je trouve une famille éplorée. Jacques le père est effondré, Isabelle désespérée. Pour les rassurer, faire vraiment partie de la famille, je demande à Jacques la main de sa fille. Il est ravi, il aura des successeurs pour continuer son commerce. Désirant préparer ma future vie de couple, je trouve à louer une petite maison avec deux chambres. Mais en Algérie, se déroulent de terribles « événements », comme dit hypocritement le gouvernement. Il faut de la chair à canon. Alors on rappelle les derniers libérés. Je quitte à nouveau la famille. Six mois de peur d’angoisse. Peu de courrier car il y a la censure. De plus, on déplace constamment les troupes. De retour, sur le bateau, je reste dans mon coin, songe à mon peloton, au camarade qui ne reviendra pas et aux deux autres qui sont hospitalisés. Heureusement, il y Jacques et Isabelle. Mon arrivée les surprend tous ...
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