Garder scellées mes lèvres
Datte: 25/03/2018,
Catégories:
fh,
fplusag,
extracon,
Collègues / Travail
cérébral,
revede,
Deux silhouettes s’immobilisent devant l’entrée de mon bureau. Je lève les yeux à l’instant précis où la secrétaire d’accueil frappe à ma porte déjà ouverte. — Bonjour Sandrine, je te présente Yannick, notre nouveau stagiaire. Il est là pour quatre mois. Il va travailler au labo et se chargera de… Je ne l’écoute déjà plus. Le jeune homme me salue timidement. Son regard vert me trouble, ou bien est-ce son sourire ? Non, c’est autre chose. Grand, large d’épaule, les cheveux bouclés et le teint hâlé, il a le physique d’un surfeur, mais son comportement ne semble pas s’y accorder. L’ensemble de son corps paraît athlétique et harmonieux, pourtant rien dans son attitude ne montre qu’il en a conscience. Sa façon de se tenir le bras par exemple, les épaules légèrement en dedans. Ou cette vague nervosité quand je lui tends la main pour lui souhaiter la bienvenue. Il aurait affiché un air blasé et suffisant, avec, pourquoi pas, un sourire légèrement narquois et chaque chose aurait été à sa place pour mon petit cerveau formaté : j’aurais devant moi le beau gosse de l’été, la nouvelle tête à claque du service. Et je ne serais pas encore en train de penser à lui alors qu’il est déjà loin. Au bout du dernier couloir, la porte de la salle de repos pivote sous mes doigts et révèle une petite pièce noyée dans la pénombre. L’armature métallique du lit d’infirmerie émet un éclat racoleur.J’entre doucement en tirant par la main cet homme qui m’a troublé dès le premier regard. Il semble ...
... hésiter une seconde, jette un coup d’œil nerveux aux alentours avant de me suivre.Je ferme la porte derrière lui et tourne la clé dans la serrure. Nous sommes seuls.Je distingue sa silhouette au milieu de la petite pièce, mais pas son visage. Est-il aussi ému que moi ? Je m’approche doucement et tends la main dans sa direction. Ses doigts se mêlent aux miens, s’y accrochent avec une force surprenante.J’entends distinctement son souffle court et nerveux. Je suis rassurée de le savoir dans le même état que moi. J’en suis d’autant plus excitée.Nos visages se rapprochent, jusqu’à ce que nos lèvres se frôlent. Sa main puissante se blottit au creux de mon cou et, du bout du pouce, effleure le lobe de mon oreille. J’ai toujours été sensible à cette caresse.Je suis conquise. C’est la deuxième fois aujourd’hui que je surprends son regard sur moi. Ce matin, à la pause de 10 h, il a eu l’air troublé et s’est détourné. Mais ce midi, sur la terrasse de la cafétéria, Yannick me fixe droit dans les yeux. Et c’est moi qui fuis son regard. Il se tient debout parmi le groupe de stagiaires et il me fait face. Je sens son attention sur moi et j’en suis complètement paralysée. Que m’arrive-t-il ? Mes oreilles bourdonnent et mes joues me brûlent. Je dois être cramoisie ! Mon cœur bat violemment avec des élans désordonnés, c’en est presque inquiétant. Il faut que je me ressaisisse. Je n’ai plus quinze ans ! Je dois penser à autre chose que ce grand dadais de moitié moins mon âge. Nos langues se goûtent ...