1. Le récit angoissexy de Neopassenger (1)


    Datte: 02/04/2018, Catégories: Divers,

    ... pour leurs propres commandes, quand bien même on les attendrait depuis plusieurs minutes. Et comme après chaque rush du soir, on se retrouvait tous serrés dans la petite salle équipier, pour dévorer des repas « gratuits » (mais néanmoins déduisant 50 euros par mois sur notre fiche de paye. Mais bon, vu que la plupart des équipiers ne savent pas la lire, que certains ne mangent jamais sur place, et que les autres s’en foutent, ça n’est à peu près un problème pour personne...) — Euh, je sais pas trop, j’aime pas vraiment ce genre de choses... répondais-je timidement. Quoi, les labyrinthes ? — Non, les sorties en groupe comme ça, les « afterwork »... ajoutais-je avec une pointe de dégout assez perceptible. — On amènera de l’alcool. Peut-être même d’autres choses. Et puis... Maxime sera là aussi, conclut-il avec un sourire entendu. — Maxime ? Et alors, qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? répondis-je sur la défensive, au moment où je me levais pour jeter mon plateau, avant de retourner bosser. — Oh rien, rien, j’ai dit ca pour te taquiner. Anyway, si tu veux venir, on se retrouve demain après le rush, vers 23h sur le parking. Comme ça on pourra covoiturer. A toi de voir ! On sera une dizaine normalement. Pense juste à prendre de quoi payer pour l’entrée. C’est genre dix-huit euros je crois. — D’accord. Bah on verra demain du coup. Bonne soirée, je dois y aller. Putain, je déteste faire la close. C’est le terme technique qu’on utilise ici pour signifier « faire la fermeture du ...
    ... restaurant ». C’est-à-dire que quand tout le monde se barre entre 21 et 23h, nous (on est généralement quatre personnes), on reste jusqu’à 1h30 du matin pour tout astiquer et préparer pour le lendemain. Ambre ouvrait d’un coup de pied rageur la porte du « trash », cette pièce confinée ou s’entassent les sac poubelles du restaurant la journée, avant d’aller tout mettre à la benne le soir, après que les emballages et aliments en décomposition aient bien eu le temps de macérer dans leurs sacs. Le protocole de base interdit de laisser les sacs ici. Mais entre la théorie et la pratique... il y a un certain fossé qui dépend du niveau d’autonomie de la personne et de sa capacité à utiliser sa conscience individuelle pour traiter des informations. Cogito, sum ! Du reste, dès qu’aucun observateur extérieur n’est présent pour nous conditionner à coup de renforcements skinneriens, punitions ou récompense, on n’obéit jamais qu’aux règles que l’on a comprises et intégrées. Alors pour revenir à ces sacs, bien sûr qu’on nous a dit de les jeter dans la journée. Mais je ne vais quand même pas m’emmerder à aller dehors devant les clients pour vider des sacs poubelles dès que l’un d’entre eux est plein. J’ai autre chose à foutre, des clients à servir. Sans quoi je me ferais engueuler par le manager parce que je suis pas assez rapide. Alors de deux mots, je choisis le moindre. C’est toujours comme ça que ça marche, avec le cerveau humain. Il obéit à des règles émotionnelles. Mais va expliquer ça ...
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