1. Résonance primitive 3


    Datte: 19/04/2018, Catégories: Partouze / Groupe

    ... goûter ta sauce ? Quelle erreur ! Manon laisse échapper un rire vite étouffé, qui le rend encore plus suspect. Me voilà embarrassé. Le shit ralenti ma pensée et je passe trop de temps à me demander si je dois accompagner son rire ou rester inerte. - Goûter ta sauce ? Je vois pas ce qui est drôle ? S’interroge son père, dubitatif. - Normal, t’es encore planté dans les années quarante. Diversion au pied levé, j’aime mon cerveau. - Parce que toi, tu trouves ça drôle ? - Non ! Mais moi j’ai perdu mon âme d’enfant, tu le sais bien. Le problème, c’est qu’Aline regarde sa fille sans un mot, avec une expression que je ne lui connais pas. Elle semble la sonder, calmement, froidement, et Manon le sens. Elle est presque redevenue une petite fille. Puis Aline se tourne vers moi, toujours silencieuse, et me sonde à mon tour. Je ne me dérobe pas et la laisse faire, tranquillement. L’échange de regards est court en fait, mais tout est dit. Elle me demande, sans un mot, si je couche avec sa fille, et sans un mot je lui réponds que non. Me croit-elle ? - Goûter ta sauce ? Goûter ta sauce ? C’est quoi, c’est du rap ? Heureusement que Damien bloque un peu. D’ailleurs, je m’étonne qu’un obsédé comme lui ne percute pas sur une allusion aussi évidente. Peut-être un système de censure automatique qui se met en route en présence de sa fille ? - Sans doute ! Lui répondis-je, laconique. Quelque chose me gêne dans cette ignorance forcée. Je suis à deux doigts d’ouvrir ma grande gueule quand Aline ...
    ... nous suggère de passer au salon. Changement de pièce, changement d’atmosphère, et changement de conversation à l’initiative de Damien. - Du boulot en ce moment ? Me demande-t-il pendant que nous prenons place. Merde ! Pas mon sujet préféré. Autant, quand j’en ai, j’aime en parler, autant quand je n’en ai pas, le fait d’en parler me rappelle seulement le fait que je n’en ai pas , alors… - Non ! C’est le calme plat, et ça commence à durer. Une phrase que je récite telle quelle, à mes proches, « avides » de mes nouvelles. Je n’en peux plus de la dire. Le pire, c’est le « ah !? » inquiet qu’ils font tous, ponctuant la fin de ma phrase. - Pourtant, t’aime ça glander ? Me jette Manon redevenue moins sage. - Glander, c’est le plus beau des métiers ! Mais seulement entre deux boulots, c’est une question de contraste. - C’était quand ton dernier boulot ? Me demande Damien qui ne lâche pas l’affaire. - Vers la fin de novembre, juste après les attentats. Celle-là aussi je la sors telle quelle. Ce qu’il y a de bien, à posteriori bien sûr, avec les attentats, c’est qu’ils empêchent mes interlocuteurs de compter le nombre de mois qui nous sépare du 13 novembre parce qu’ils bloquent sur l’événement, et du coup, m’oublient un peu. - Trois mois quand même ! T’as une vie d’étudiant en fait. C’était sans compter Manon, évidemment. - Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’ils cherchent en faisant ça ? C’est Aline qui pose la question. C’est tellement rare de l’entendre s’exprimer sur un sujet ...
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