Natasha & Franck (11)
Datte: 24/04/2018,
Catégories:
Transexuels
... poursuivaient des enfants. Ils lui jetaient quelque chose mais il était trop loin pour remarquer ce dont il s’agissait. Il posa la bicyclette et se précipitait dans leur direction. Il comprit que les enfants jetaient des morceaux de bouses de vache qu’ils trouvaient sur le sol. Offusqué, il fit mine de leur courir après. Ils ne demandèrent pas leur reste et détalèrent. Seamus se présenta et lui expliquait la raison de sa venue. ̶ Oui, je suis bien Morgane. Merci d’avoir fait fuir ces morveux. ̶ Je suis Seamus. Je suis irlandais, mais j’arrive d’Espagne où j’ai rencontré Yan... Morgane, sans attendre la suite, comprenait qu’il était arrivé quelque chose à Yan. Quelque chose de suffisamment grave pour qu’il envoie quelqu’un d’autre. Seamus la voyait pâlir. Il n’osait continuer. Etait ce vraiment nécessaire de lui infliger ces mots alors qu’elle avait déjà compris la raison de la présence cet ami. Morgane soupira. Un soupir lourd pour tenter de barrer la route aux larmes. Peine perdue, ses yeux verts, frêles murs fissurés d’un barrage gonflé par une crue soudaine, étaient sur le point de céder. Sa bouche s’ouvrait, se tordait de douleur, mais aucun son ne parvenait à s’en échapper. Seamus la pris dans ses bras, se tut et la laissa pleurer. Morgane lui frappait l’épaule de sa main fermée en un semblant de poing. Lui aussi avait besoin de faire sortir sa douleur. Après tout, il n’avait pu se laisser aller qu’une fois la frontière traversée. Et encore, il n’avait pu que le faire ...
... seul. Il posa la tête sur celle de Morgane, lui embrassait les cheveux puis ne retint plus ses propres larmes. Il se sentait soulagé d’avoir quelqu’un devant qui pleurer, même s’il se sentait honteux. Pas de montrer sa peine, il avait honte des sensations, des sentiments que Morgane lui inspirait à cet instant précis. Combien de temps se passa t-il avant que les yeux de Morgane ne s’assèchent? Peu importe, Seamus aurait aimé qu’il dure éternellement. Ou que cet instant n’ait jamais existé. Elle respira un grand coup, comme si l’air qu’elle inspirait pouvait l’aider à sécher les dernières traces d’humidité dans ses yeux. Jusqu’à la prochaine vague de larmes. Morgane le fit entrer dans la masure. Elle s’adressa à sa grand-mère. Les yeux de la vieille se troublèrent. Il semblait qu’elle s’était arrêtée de respirer. Elle baragouinait avec Morgane puis se retirait. ̶ Ne vous y fiez pas, elle est bien plus triste qu’elle en a l’air. Mais elle préfère être seule pour exprimer son chagrin… Je n’ai pas grand chose pour le repas, vous avez parcouru un long chemin pour m’apporter ces tristes nouvelles et je n’ai même pas de quoi vous offrir à manger, en tout cas rien digne de ce nom. ̶ Ne vous inquiétez pas, j’ai de quoi manger. J’étais chez les parents de Yan ce matin, ils m’ont fourni de quoi me nourrir. ̶ Il doit me rester un peu de cidre. Racontez-moi comment Yan vivait en Espagne. Vous êtes le seul qui puisse remplir ce vide qu’il a laissé depuis son départ. Seamus lui narrait tout ...