1. Voiture 3, dans le sens de la marche


    Datte: 03/05/2018, Catégories: fh, hplusag, hotel, train, amour, revede, pénétratio, mélo, regrets,

    ... Quelqu’un d’autre serait intervenu.— Vous savez bien que non. Des femmes se font violenter en public et personne ne réagit.— C’est vrai. Les gens sont craintifs. C’est une drôle d’époque.— En tout cas vous êtes drôlement efficace. Vous n’avez peur de rien ?— J’ai peur comme vous, mais je suis entraîné aux arts martiaux et je sais me défendre.— Quand-même, ils étaient nombreux.— Il suffit d’en écarter un ou deux, les autres sont terrorisés et se sauvent.— Et s’ils ne se sauvent pas ?— Et bien s’ils ne se sauvent pas j’en écarte un ou deux autres, dit-il en souriant.— Vous auriez pu les neutraliser tous ?— Sans doute pas, non. Je ne suis pas Bruce Lee.— En tout cas merci encore. Vous allez être en retard à votre travail.— Pour une fois qu’il m’arrive quelque chose, je ne vais pas m’en plaindre.— Vous semblez triste, je me trompe ?— C’est ma façon d’être.— Serait-il indiscret de vous demander ce qui vous rend triste à ce point ?— Vous savez, Anna, personne ne m’a jamais demandé quoi que ce soit. J’ai une vie un peu compliquée et j’ai bien peur de vous ennuyer si je vous la racontais. J’ai attrapé mon téléphone pour appeler le bureau et prévenir que je n’arriverais que l’après-midi. Sans explication aucune. J’ai rangé mon téléphone et ai regardé Ernesto avec un sourire. Ça valait réponse, s’il souhaitait me parler. Je lui devais au moins un peu d’attention. Sans me quitter du regard, il s’est lancé. — Ça me fera peut-être du bien alors de vous raconter ma vie en quelques mots. Ma ...
    ... mère s’est retrouvée enceinte à dix-sept ans. Ses parents, des bourgeois cathos, ont eu du mal à le supporter. Elle avait fauté, déshonoré la famille… Ils lui ont laissé le choix entre un avortement discret ou le couvent.— Oh. C’est violent.— En effet. Elle n’a choisi ni l’un ni l’autre. Elle s’est enfuie de la maison.— La pauvre.— Elle a erré au hasard.— Et le père ?— Ah le père. Mon père. Elle ne l’a jamais revu. C’était un espagnol de passage. C’est pour ça qu’elle m’a choisi ce prénom. Elle pensait peut-être que ça le ferait revenir.— Quel salaud.— Comme vous dites oui. Ma mère a accouché toute seule dans un foyer. Elle n’avait pas encore 18 ans. Ses parents l’ont fait rechercher en vain. Elle les a appelés quand elle m’avait dans les bras. Elle était perdue et seule.— Ils ont accepté qu’elle revienne ?— Ils ont posé des conditions ignobles, qu’elle a fini par accepter. Elle n’avait aucune source de revenu, aucune relation, aucune chance de s’en sortir. Elle est revenue chez eux.— Quelles conditions ?— Elle devait laisser mon éducation à sa mère, ma grand-mère, et reprendre ses études.— C’est affreux.— Totalement oui. Encore que je ne me sois évidemment rendu compte de rien. Je n’ai appris tout ça que quand j’avais 22 ans. Je n’avais jamais trouvé anormal que ma grand-mère s’occupe de moi. Je ne connaissais que ça. Ma mère était absente de ma vie, j’étais absent de la sienne. Vous me trouvez triste ? Vous m’auriez trouvé affreusement lugubre. Je ne l’ai jamais vu rire ou ...
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