1. Violence


    Datte: 18/07/2017, Catégories: nonéro, humour, sf,

    ... carburant, soit n’importe quelle boisson entrant dans la gamme proprement faramineuse des liquides alcoolisés. Aussi, sa « puciolle » finit malgré tout par lui sembler bizarre. « Jamais vu c’genre de truc en ville, moi ! Qu’est-ce que c’est donc qu’ce bon dieu d’machin ? » pensa-t-il vaguement, en gratouillant d’un ongle crasseux son front couvert de croûtes. Avant même qu’il n’ait l’idée de chasser cette bestiole d’un revers de la main, la lueur qui éclairait son visage s’éteignit. Comme si elle n’avait jamais existé… — Ben aloors ? Reviens, ch’tite bébête… Hic ! Che t’f’rai pos d’mal ! Son cerveau baignait dans le bourbon. Aussi, cette bizarre lueur mouvante – qui, de surcroît, venait de disparaître - cessa rapidement de focaliser son attention. Il n’avait plus qu’à la classer dans le vaste rayon des hallucinations et autres delirium, qui comptait nombre de spécimens bien plus étranges encore. Gatimel s’assura qu’il ne restait plus la moindre goutte dans la bouteille, avant de la balancer dans le caniveau. Grâce à l’anesthésie bienfaisante du whisky, il ne tarda pas à oublier la morsure du froid. Ce qui lui permit de se laisser aller en toute quiétude à son habituelle torpeur comateuse. Il ne se rendit même pas compte que le livre qu’il gardait toujours avec lui était en train de s’échapper de son anorak entrouvert. À peine l’ouvrage avait-il chu sur la chaussée que l’étrange lueur se rallumait à nouveau. Avec grâce, celle-ci vint se positionner au-dessus de la ...
    ... couverture du livre. Presque aussitôt l’iridescence de la chose s’accentua, passant d’une pâle note de jaune à une éclatante couleur rubis. Ce rougeoiement, qui pulsait comme le cœur d’un soleil, dégageait quelque chose de profondément maléfique. Gatimel dormait déjà à poings fermés. Il n’avait rien vu de la scène. D’ailleurs, il ronflait encore, plusieurs heures plus tard, quand un skinhead dénommé Karl se mit à hurler de douleur, à quelques rues de là. Le loubard vociférait comme un damné, une main pressée convulsivement sur son œil droit. Les membres de son gang s’étaient rassemblés autour de lui, bras ballants, ne sachant ni ce qui lui arrivait, ni comment lui porter secours. Après avoir gesticulé en tout sens, le skinhead finit par glisser au sol, où il se recroquevilla, le visage enfoui entre ses mains. Un quart d’heure plus tard, il ne bougeait plus du tout. Son fidèle lieutenant, Mike, vérifia du bout de sa Doc Martens ferrée que Karl avait bien passé l’arme à gauche. Le chef de leur petit gang fasciste était connu pour ses réactions excessives et imprévisibles. Il ne tenait pas à prendre le moindre risque, dans cette situation pour le moins inédite. Mike sursauta violemment quand la main de Karl s’agrippa à sa cheville, l’enserrant dans une poigne d’acier. Le chef de bande se releva, sans un mot. Son lieutenant devait se rappeler longtemps du regard qu’il lui jeta. Il n’en parla à personne, de peur de se faire tourner en ridicule. Chez les boneheads - branche marginale mais ...
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