Addicte (3)
Datte: 24/06/2018,
Catégories:
Lesbienne
... d’oublier l’outrage. – Ah ! rugit l’homme satisfait d’imposer ainsi sa virilité. Tu aimes ça une grosse queue dans ton cul de chienne. L’affirmation gratuite me glaça le sang. Qu’est-ce qu’il en savait ce macho ? Il ferait bien d’essayer avant de balancer des insanités pareilles. Quant à la vulgarité du langage, ce n’était pas l’apanage des adolescents. Me faire traiter de chienne ou de garce dans un moment aussi intime aurait suffi à transformer mon désir en dégoût. J’avais la triste impression d’entendre la bande son d’un mauvais porno comme les jeunes en mataient parfois lors d’une soirée, soit disant pour rendre les filles réceptives. J’imitai Juliette en portant mon attention sur le comptoir, le seul endroit du club où la clientèle conservait encore un minimum de dignité ; pas besoin d’observer pour savoir ce qu’il se passait dans l’alcôve attenante. Décidément, cette soirée improvisée à Pigalle ne résolvait rien de mon problème, au contraire. Je regrettais les instants délicieux en compagnie d’Agnès. Libertin ou pas, l’homme restait un dominateur dans l’âme. Non, il n’y avait rien de poétique dans cette copulation contre nature, pas tant par les actes en eux-mêmes que par l’abjection, la brutalité de la scène. Bientôt les voix se firent sourdes, les machos se vidèrent dans une nouvelle série de commentaires avilissants. On se tassa sur la banquette l’air de rien, dans l’espoir de passer inaperçues, de nous déconnecter de la réalité présente. Un chimiste aurait pensé ...
... à des particules dans l’air qui chamboulaient le taux hormonal des clients, peut-être une drogue dans les verres les poussait à adopter ici un comportement jugé déplacé ailleurs. Je regardai le mien avec suspicion quand deux hommes à l’affût au comptoir nous remarquèrent. – On peut s’asseoir ? demanda un grand brun à la carrure de déménageur sans même attendre de réponse pour se poser face à moi. L’autre, plus petit et ventripotent, s’installa près de son pote, la main glissant déjà sur la table à la recherche de celle de Juliette, cette dernière recula. Adossée à la banquette afin de maintenir une distance de sécurité, elle m’offrit le spectacle de sa panique. Pas question de laisser passer, je crachai mon venin sans me démonter. – Vous n’avez pas pu vous empêcher de venir nous faire chier ! Les deux lascars d’une bonne trentaine d’années portaient le costume à la façon des bureaucrates imbus de leur poste à responsabilité. La brillance dans le regard de mon accompagnatrice ajoutait à son charme naturel, mais à l’inverse, la lubricité dans les yeux de ces hommes les rendait moches. Oh non ! Les fantasmes des libertins, la liberté sexuelle et la libre pensée, tout ça me donnait envie de vomir. Jamais je ne pourrai travailler dans un endroit où les femmes étaient sollicitées à chaque instant par des mâles libidineux en manque d’affection dont certains planquaient leur alliance afin de venir s’encanailler. Au prétexte de payer des consommations hors de prix avec des cartes de ...