L'avocat et le maquereau (1)
Datte: 25/06/2018,
Catégories:
Divers,
... Tallon. — Vous croyez ? Pourtant elle est dessalée et bien sautée, entourée de lardons… — Des lardons ? s’alarme l’avocat. Mais combien en a-t-elle ? Sont-ils tous de vous ? Avant que Dodo puisse s’expliquer, Jennifer s’écrie, avec candeur : — Je m’enverrais bien un maquereau, moi ! C’est bon pour le régime, je crois ; mais je n’en vois pas. — Je peux t’aider, j’en connais un très bien, personnellement, propose Dodo à l’ingénue. — Vous feriez ça, monsieur Dodo ? gazouille la gazelle en battant des cils. J’adore le maquereau, mais il doit être assez gros, un petit peu gras… — Je pense que tu seras satisfaite, dans ce cas. — Et c’est plein d’omégas 3, en plus ! — Ma jolie, je vois que tu es une gourmande ! En plus, tu vas avoir surtout droit à une bonne dose de protéines, avec moi ! Mais l’avocat réoriente habilement la conversation sur son dossier. — Ainsi donc, vous auriez engrossé une dame… — Une dame, une dame ! Comme vous y allez, eh ! Une pute, oui. — C’est une Française ? intervient Nicolas. — Pas vraiment, explique Dodo. J’importe beaucoup de main-d’œuvre prolétarienne. Des putes, des putes, oui, mais de Tanzanie ! — Et elle est enceinte de vous ? — Ce n’est pas possible, je portais mon préservatif préféré ! se défend Dodo. Un préservatif tricoté par ma maman, c’est vous dire, en pure laine vierge ! — Mais ce n’est pas étanche, ça ! s’exclame l’avocat. — Vous croyez ? doute Dodo. À ma décharge… — Surtout pas de décharge, malheureux ! Vous en avez assez fait ! Alors, ...
... cette femme, elle est enceinte de combien ? — Comment ça, de combien ? Mais d’un seul : de moi, enfin ! — Non, je veux dire, c’est arrivé quand ? — Je la prenais sur le capot d’Astre (ma Jaguar verte), et j’ai lâché la purée. — Oh ! De la purée, chic, s’extasie Jennifer. — Jenny, la coupe Nicolas, tu es belle comme une aquarelle de Keiko Tanabe, sexy comme une bimbo de Tex Avery, mais alors ! conne comme un gratin de chou-fleur trop salé et trop cuit ! Jenny affiche une moue boudeuse et plonge dans la carte des desserts, alors que l’avocat revient à son affaire. — Alors, comment s’appelle la personne que vous avez mise enceinte ? — Jessica. Jess de Bruges. C’est le nom d’artiste que je lui ai trouvé. Pas mal, non ? — De fait, vous l’avez fourrée, et c’est vous qui êtes chocolat. — Je suis victime de la technologie, c’est tout ! Si les préservatifs « made in France » sont détrônés par les capotes en caoutchouc chinois… — En tout cas, la susnommée Jess vous a dénoncé à la maréchaussée. Et vous voilà suspect. Je ne vous cache pas que les charges sont lourdes, il faudra un miracle pour échapper à la prison. — La prison ! Je suis un honnête maquereau, moi ! Je paie mes impôts, enfin presque tous, je verse des pots de vin aux hommes politiques qui sont censés me protéger… — Je vois que vous êtes non-imposable, objecte l’avocat, suspicieux. — Certes, mais je perçois le RSA, et des allocations familiales pour mes nombreux enfants. Que de bouches à nourrir ! Je porte ma croix, cher ...