55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).
Datte: 01/07/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... montre à son poignet « je n’avais pas vu l’heure… ». « T’es pas encore en train de t’envoyer en l’air, j’espère ? » « Non, pas du tout… tu me prends pour qui… » il rigole. « Pour un mec à qui, s’il était le mien, j’aurais déjà coupé tout ce qui dépasse… ». « Moi aussi je t’aime, Carine… ». « Grouille, abruti ! ». Le bogoss raccroche en rigolant. Son sourire canaille est beau à pleurer. « T’as vu… je me fais engueuler… elle est jalouse… » fait-il, en dégainant son plus bel air de clown coquin. Je tente de lui sourire à mon tour. « Il faut qu’on y aille… » il me lance. Le fait est que je ne me sens pas prêt à reprendre le volant ; ces dernières larmes m’ont vidé de toute énergie ; j’ai chaud et du mal à respirer, la barre qui transperce mon crane de tempe à tempe me fait de plus en plus souffrir ; je suis HS dans le siège de la voiture. « Tu veux que je conduise ? » fait le beau moniteur, en anticipant ma demande. « Je veux bien… ». Je regarde le beau Julien au volant de sa voiture ; il conduit avec assurance, et le trouve beau et viril dans le rôle de chauffeur ; sa conduite est à la fois sportive et apaisante, ça me fait un bien fou de me sentir pris en charge. Il me regarde, me sourit, me parle de ses galipettes avec Sandrine entre deux cours. Je le regarde et l’image d’un autre chauffeur, brun, la peau mate, à bord d’une 205 rouge, roulant vers l’appartement de la rue de la Colombette, promesse d’une nuit d’amour, surgit dans mon esprit comme un éclair aveuglant. J’ai ...
... encore envie de pleurer… Je profite d’un blanc dans la conversation pour me secouer de ce souvenir avant de me laisser emporter par l’émotion ; j’en profite pour m’excuser : « Désole pour mes conneries de tout à l’heure… peut-être que finalement je ne suis pas prêt pour l’examen de septembre… ». « Mais tu plaisantes, Nico ? Je sais que tu sais conduire… et je sais aussi que tu n’es pas bien aujourd’hui… alors, je ne vais pas tenir compte de ce dernier cours… tu passeras ton examen à la première session de septembre, comme prévu… d’ici là, essaie de te reposer et de ne pas trop penser à tout ça… dis-toi que ce mec n’est pas un mec pour toi… pense à Bordeaux, à tes études, à ta nouvelle vie… tu dois aller de l’avant… je suis sûr que tu vas trouver un bon gars qui va se rendre compte à quel point tu es un mec génial… c’est avec ce gars-là que tu seras bien… ». « C’est gentil de tenter de me remonter le moral… ». « C’est normal, t’es mon pote… ». « Je n’aurais jamais cru qu’on deviendrait potes… ». « Moi non plus, mais n’empêche que je te trouve sympa… ». Le jeune loup blond me sourit. Et, ce coup-ci son sourire est à la fois charmant et touchant. Nous arrivons au parking de l’autoécole. Julien coupe le moteur, se tourne vers moi ; il me regarde droit dans les yeux et il me lance : « Tu devrais partir quelques temps pour te changer les idées… ». « C’est plus ou moins prévu avec ma cousine, mais je ne sais pas encore quand… ». « Le plus tôt sera le mieux… pars et amuse-toi, Nico… ...