1. 55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).


    Datte: 01/07/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... c’est un besoin violent, auquel je tente de m’accrocher en espérant au plus vite me débarrasser de cette souffrance. En repensant au dédain avec lequel il a refusé le maillot que je lui ai offert, je me sens insulté et offensé ; je me suis fait une telle joie de lui acheter, j’ai mille fois imaginé le moment de lui offrir, le bonheur de lui faire plaisir ; jamais je ne me serai imaginé que ça se passerait de cette façon. Quoi faire désormais de ce maillot ? Je ne peux pas le garder. Le jeter ? C’est dommage. Je vais le filer à Emmaüs. Il reste sa chemise, son t-shirt, son boxer, les trois photos dont Thibault m’a fait cadeau : je les mets dans une poche que je ferme ; demain, je vais les jeter. Il faut juste que je trouve le cran de le faire. Je vais le trouver. Je ne veux rien garder de lui. Rien qui me rappelle nos moments ensemble. Il y a assez de souvenirs dans cette maison, dans ma tête, pour que je laisse des objets m’en rappeler davantage. La migraine m’assiège, me persécute, implacable tortionnaire ; mes nerfs sont en boule : j’ai l’impression d’être tellement fatigué, que mon épuisement m’empêche paradoxalement de trouver le sommeil ; j’ai l’impression que mon cerveau, mes hormones, sont complètement détraqués, que plus rien ne marche dans mon corps. Vivement la rentrée, que je me tire à Bordeaux ; loin de cette chambre, loin de cette maison, de cette ville, des souvenirs, de cette souffrance insupportable. Samedi 12 août 2001. La nuit a été longue : la nuit est ...
    ... interminable lorsque les sommeils sont courts. Je me réveille encore plus fatigué et mal en point que la veille. J’ai tout juste le courage de me trainer jusqu’à la salle de bain pour faire pipi, jusqu’au frigo pour boire un verre de jus de fruits et de m’éclipser avant que la maison ne se réveille. Je monte les marches de l’escalier avec une allure de zombie, ces mêmes marches que j’ai tant de fois grimpées quatre à quatre pour aller à sa rencontre. Je me recouche. Je ne sais pas si je vais pouvoir retrouver le sommeil. Pourtant, c’est décidé, ce matin je ne vais pas me lever. Je n’ai aucune raison de me lever. Je me recroqueville dans ma tanière, la radio toujours en bruit de fond. Contre toute attente, je me rendors. Et pendant très très très très très longtemps. Mon réveil, en milieu de l’après-midi, sera un brin brutal : c’est la voix d’Elodie qui me tire de ma léthargie, Elodie en mode surjeu à fond, telle un guest déboulant au beau milieu d’un épisode de série comique. « Allez, cousin, t’as assez dormi… secoue toi, prends une douche, on se tire… ». « De quoi ??? » je m’insurge, émergeant en sursaut. « Ah putain… ça sent le phoque ici ! » fait elle, se précipitant à la fenêtre pour ouvrir les volets. La lumière vive et la caresse musclée du vent d’Autan ajoutent de la violence à ce réveil sauvage. « Laisse-moi dormir ! » je fais, mauvais, en enfouissant ma tête sous la couette. « Allez, cousin, ne fais pas l’autruche… file te doucher… on part à Gruissan ! ». « Quand ? ». « ...