55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).
Datte: 01/07/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... enfin. « Hey, Nico ! » il m’accueille alors très chaleureusement ; et là, je le vois plisser les yeux, amorcer le mouvement si sexy de mettre ses sourcils en chapeau, et me balancer direct, en singeant avec sa voix le ton avec lequel on s’adresserait à un enfant : « qu’est-ce que t’as fait ? Tu t’es battu ?!?! ». Nico touché. « Non, je me suis pris la porte de la salle de bain sur le nez… ». « A d’autres… ». Nico touché 2 fois. « C’est vrai… je te jure… ». « Tu me la fais pas… je sais à quoi ressemble un cocard… j’en ai fait quelques-uns, j’en ai reçus aussi… ». Nico touché 3 fois. « Je suis maladroit… ». « Tu vais pas apprendre à un singe à faire la grimace… ». Je vois la fille de la dernière fois se pointer au loin, je la regarde approcher. « Ne pose pas de questions, Julien… s’il te plaît, fais comme si de rien n’était… ». « C’est lui qui t’a fait ça ? ». « Julien, s’il te plaît… ». « Il a osé te frapper, ce con ? » fait-il en levant mes lunettes. Nico coulé. « J’ai frappé en premier… ». « Toi, tu as frappé ? » fait-il l’air perplexe et surpris, presque impressionné. « Ecoute, Julien, ne te mêle pas de ça… ». « Ça me fait mal au cœur de te voir dans cet état… je voudrais pouvoir t’aider… ». Le jeune loup blond a l’air vraiment touché par ma détresse. « Tu peux pas m’aider… enfin, si… fais ton pitre avec la fille comme d’hab… fais-moi rire, Julien, j’ai besoin de rire… ». « Ça, c’est dans mes cordes… ». La fille arrive, Julien l’installe devant le volant. Pendant tout le ...
... cours, le beau moniteur s’illustre dans son rôle de charmeur impénitent, taquin, moqueur, drôle et beau parleur. Comme d’habitude, plus que d’habitude. « Qu’est-ce qui t’arrive aujourd’hui ? T’as bouffé un clown ? » finit par remarquer la fille. Mais rien n’arrête le jeune loup blond, il s’applique à mettre l’ambiance et il arrive même à m’arracher quelques sourires. Aujourd’hui, je ne cherche pas forcement son regard dans le rétro, je n’en ai pas la force ; en revanche, c’est son regard qui cherche le mien, et qui l’accroche, il lit dedans, même à travers nos deux lunettes de soleil. Je redoute un peu le moment d’être seul avec lui, car je sais qu’il va tenter de me cuisiner. « Ca va, Nico ? » il me demande, dès que nous sommes que tous les deux. « Oui, ça va, allons-y ! » je tente de me dérober. Peine perdue. « Ça n’a vraiment pas l’air… » fait-il sans même écouter ma réponse « raconte… qu’est-ce qui s’est passé ? ». « Laisse tomber, s’il te plait… j’ai pas envie d’en parler… ». « Ça te ferait pourtant du bien… ». Je sais qu’il a raison ; je sais que la seule façon d’aller mieux, ça passe par les mots : mais je sais aussi que si je commence à lui raconter ce qui s’est passé la veille, je vais pleurer direct. Et même si j’ai le sentiment que la sienne n’est pas une curiosité mal placée, mais une véritable inquiétude, je n’ai pas la force de prononcer des mots, de revivre et de livrer des choses qui vont rendre ma défaite encore un peu plus réelle, ma douleur encore plus vive. ...