1. La chevauchée


    Datte: 11/07/2018, Catégories: fh, hdomine, fgode, fsodo, aventure, fantastiqu, contes,

    Les ombres dansaient au gré des flammes brûlant dans le foyer, le bois sec en feu répandant sa plaisante odeur dans la librairie personnelle de l’homme, assis à son bureau d’acajou massif. La lumière offerte par un soleil mourant n’était pas suffisante pour écrire, et la lueur du feu n’était pas assez forte. Un humain normal aurait requis la lumière d’une chandelle ou d’une lampe, mais Arkann pouvait aisément s’en passer. Il écrivait dans son manuscrit, comme il le faisait tous les soirs depuis son plus jeune âge, décrivant une journée sans histoire, sans lustre, sans succès ou désastre. Il en était à sa septième page, n’omettant aucun détail, car son expérience lui dictait qu’un rien, en apparence insignifiant, pouvait parfois devenir la clef lui permettant de résoudre des mystères. Il prenait grand soin de sa calligraphie, écrivant en un code que lui seul pouvait décrypter, dans une langue depuis longtemps disparue. Le code changeait chaque année, et il n’utilisait jamais la même langue deux journées de suite. Ces tomes relatant sa très longue vie étaient trop précieux, trop dangereux, pour risquer que ses ennemies, qui étaient ses amies, puissent mettre la main sur eux. Trop de connaissances sur ses désirs, ses motifs, ses forces et faiblesses… De toutes les faiblesses d’Arkann, celle-ci était la pire. C’était aussi l’une de ses grandes forces, car ses manuscrits lui permettaient de regarder en arrière, comprendre, juger de son évolution. Ses livres étaient une copie de ...
    ... sa mémoire. Il oubliait rarement, mais une créature ayant vécu aussi longtemps que lui ne pouvait se rappeler de tout. De taille moyenne, semblant être dans la trentaine, les cheveux d’Arkann étaient d’un noir presque absolu. Ses yeux gris étaient vifs, et son visage trahissait son caractère parfois impérieux, son nez aquilin lui donnant un air sévère lorsqu’il était mécontent. Il était large d’épaules, et ses puissants bras étaient bâtis pour l’effort soutenu. Il portait des pantalons et une tunique noire, brodée de fil d’argent, qui descendait jusqu’à mi-cuisse. Légère, douce, cette tunique était un cadeau du harem, et la magie qui l’animait était subtile, presque cachée. Un cadeau très légèrement empoisonné par celles qui étaient ses mercenaires, ses compagnes, ses amies, ses ennemies. Le battement accéléré de son cœur, le désir qui croissait, très légèrement accentué par l’effet de la tunique, étaient autant de signes l’avisant qu’il était temps de conclure le résumé de sa journée. Il prit son temps, résistant au désir discrètement affirmé du harem. Et puis il atteignit le moment. Il nettoya sa plume, et boucha le pot d’encre. Il attendit quelques instants que l’encre finisse de sécher, puis referma le livre, caressant la couverture de cuir, les ferrures en laiton protégeant les coins. Les livres qu’il utilisait étaient des cadeaux du harem, des cadeaux dangereux, car il arrivait parfois que les fourbes demoiselles du harem, en quête de secrets, glissent un tome possédant ...
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