Rats de Marée
Datte: 19/06/2017,
Catégories:
fh,
prost,
fdomine,
Masturbation
fdanus,
fsodo,
humour,
sf,
D’abord, la mer. La mer à l’infini, courbe, et le ciel incendié pour lui faire pendant. À l’ouest, l’œil rouge du soleil plonge et la brise comme un miroir, éclaboussant les nues de larmes ensanglantées. Puis, à droite du disque écarlate du soir, se découpant sur champ de corail aux déchirures pourpres, un grand triangle noir, debout sur l’horizon, domine l’océan tel un colosse rocheux. C’est le mont Sajhama, l’aiguille providentielle, jaillie des flots pour qu’y soit préservée la race des élus. Sajhama, cité fertile, carrefour des éléments, source de terre à ciel ouvert. Sajhama l’orgueilleuse, glorieuse perle de l’archipel des Andes, citadelle imprenable aux murailles d’acier hérissées de canons. Sajhama, ville impériale. Par delà les remparts de la forteresse, à la cime du cône, les tours pentagonales du palais dominent les autres bâtiments de l’île et les fermes des nobles, disposées en terrasses. Partout à l’intérieur, parcs et jardins verdoyants témoignent de la prospérité que fournit aux Terriens l’or brun de la montagne. Des groupes de robots chromés et anthropomorphes vaquent ça et là à l’irrigation ou aux travaux des mines. Depuis que ces machines veillent aux tâches serviles, la plèbe amphibie n’est plus admise sur cette oasis aux frontières hermétiques. Ils ne restent arrimés à la cuirasse métallique que par atavisme avec leurs ancêtres mollusques, c’est du moins ce que prétend une plaisanterie en vogue dans les milieux terriens, que l’on raconte parfois en ...
... croquant un légume frais entre amis ou en sirotant un bon jus de fruit avant de passer à table. Dehors, au pied des plaques rivetées des murs à pic et lisses de l’enceinte, s’étale un erratique assemblage de cordes putrides et de bois flotté ballotté par les vagues. Une nuée de barges et de radeaux, reliés entre eux par un complexe réseau de passerelles, s’enchevêtrent et forment une masse grouillante à la gloire d’Archimède. C’est ce que les Terriens appellent la Balsa, la banlieue flottante de Sajhama. L’odeur qui en émane est presque insupportable aux nouveaux arrivants, mais on s’y habitue quand sa vie en dépend. D’ailleurs, ni les effluves, ni la misère immonde n’ont pu décourager les innombrables réfugiés, naufragés et autres survivants du Cataclysme, chassés par les pillages et les radiations, qui s’y installèrent par vagues successives. La vérité, c’est que la Balsa de Sajhama est un coupe-gorge de réputation planétaire et qu’on y meurt de faim, mais elle est à l’abri des guerres et des pirates depuis bientôt vingt ans. Une vie. C’est là qu’est né Bran et c’est là qu’il mourra. * De la plus haute échauguette du palais de l’empereur, la princesse Inoëe, accoudée au parapet, scrute la Balsa avec une paire de jumelles. Si peu de temps, pense-t-elle, à peine quelques jours et je serai comtesse d’Yrkès, emmurée dans le donjon du comte sur son minable écueil, loin de tous ceux que j’aime et de ma terre natale. La perspective de cette désespérante mésalliance lui inspire une ...