1. Canary Bay


    Datte: 21/07/2018, Catégories: ff, jeunes, copains, fépilée, intermast, Oral 69, attache, piquepince,

    ... concentrée. La musique pour moi c’est justement l’opposé de cela. Ne pas être concentrée, laisser l’instant, le sentiment X vous pousser à jouer. Une fois de plus, je ne suis pas satisfaite de ce que je viens de jouer, il manque un truc… le côté instinctif, quasi bestial. Je ferme les yeux un instant et j’arrête de jouer, ce n’est pas encore la bonne prise. Je repose Ersatz sur son socle avec la plus grande des précautions. Ersatz c’est le nom de ma guitare. Un ersatz de quoi ? De la drogue. Karen, ma bassiste me l’a offerte pendant mon séjour en cure de désintoxication. Parce que pour elle, la musique c’est sa drogue et c’est grâce à cela qu’elle s’est toujours contentée, pendant longtemps, de me regarder absorber tous les enfers artificiels qui existent en ce monde. Karen jouait pour ne pas s’ennuyer, moi je jouais à la rock star par ennui. J’aurais dû jouer à la roulette russe, au moins les règles sont plus simples. Une fois Ersatz posée, je saisis avec rage le pupitre où sont posées les partitions et le jette violemment contre l’un des trois murs de la cage d’enregistrement. Un bruit fracassant résonne dans cet endroit exigu. En face de moi, l’ingénieur du son me regarde, visiblement le bruit assourdissement qui a dû ressortir de mon excès de colère, et pour lui de son casque, ne lui a pas plu. Au moment où il tente de poser le doigt sur le bouton lui permettant de nous parler à travers la vitre, je lui balance un regard encore plus violent que mon jeté de pupitre. Sans ...
    ... rien dire, il comprend qu’il vaut mieux s’abstenir la moindre réflexion. Puis il se lève et quitte la pièce. Ce n’est pas la première fois, que je me mets dans ses états, et il sait parfaitement ce qu’il faut faire dans ce cas. S’éloigner, me laisser tranquille et revenir quand je l’aurai appelé. Au moins, il gagne une pause dans l’histoire. Autour de moi, deux statues de pierre n’osant pas bouger du moindre cil. Une sorte de un, deux, trois, soleil en quelque sorte. La première est Karen, pourtant habituée à me voir péter un câble de manière assez démonstrative. Une magnifique statue je dois le dire, un brin mystique. D’abord par ses piercings, son oreille gauche est perlée de piercings, puis deux petites boules en dessous de sa lèvre inférieure, enfin sa chevelure noir corbeau, courte avec une frange et en bataille, dévoile nettement sa nuque où apparaissent une série de six piercings par rangées de deux, telle une barre d’abdominaux. Ensuite, ses accessoires, un bracelet en cuir avec des clous menaçants sur chaque poignet, de nombreuses bagues, des dagues pour certaines, toutes sculptées avec précision, puis un autre objet qui permet de reconnaître sa silhouette de loin, un bijou discret qui s’enroule le long de son oreille droite dont la réelle fonction est de tenir une plume d’oiseau qui défie l’air. Elle ne quitte jamais cette plume, même sur scène, c’est son signe de reconnaissance, de ralliement presque. Il est toujours incroyable de voir dans les premiers rangs des ...
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