1. Jour de pluie


    Datte: 24/07/2018, Catégories: fh, extracon, voisins, campagne, Oral

    Ce jour, elle est seule. Ménage, repassage. Le temps se prête aux corvées. Les enfants ne sont plus à la maison et son mari a tendance à partir de plus en plus tôt et à rentrer plus tard. Vivre à la campagne était pour elle un rêve. Le rêve a du plomb dans l’aile. Elle manque parfois d’énergie pour sortir la voiture et parcourir la vingtaine de kilomètres jusqu’à la bourgade voisine… Et puis, pour quoi faire ? Une fois les quelques courses effectuées, elle n’a pas envie d’écouter les bulletins de santé de toutes les mamies du coin. (Elle s’en veut de sa méchanceté). Elle ne peut pas rester à tourner en rond dans sa maison. Elle regarde le ciel dehors. Le temps est très gris. Pas très grave, elle va partir marcher. Cela ne la soigne pas de son spleen, mais au moins cela lui fait faire de l’exercice. Elle attrape son manteau et c’est parti. Elle marche d’un bon pas. S’éloigne vite de sa maison. La petite route est déserte. Elle décide de faire le grand tour. Elle sait qu’une fois engagée, elle en a pour plus de deux heures à travers les collines. Elle avance ! Pour éviter de ruminer, elle marche vite. Elle regarde le ciel qui s’assombrit. Pourvu que le temps tienne. Elle est partie avec sa robe légère sous son manteau et elle a négligé de prendre son parapluie. Elle se maudit de sa légèreté. Une vraie gamine ! Elle sait qu’elle est maintenant au point extrême de son circuit. Elle en a au moins pour une heure avant de retrouver son salon douillet. Quelques gouttes commencent ...
    ... à tomber. Elle accélère le pas. La pluie redouble. Elle est trempée. Elle tente de faire signe aux voitures, mais avec la pluie qui la fait ressembler à un gros chien trempé, qui va bien s’arrêter ? Plusieurs passent. Les plus sympas en s’écartant, d’autres en l’éclaboussant. Au point où elle en est… Elle baisse la tête et avance plus vite. La pluie glisse sur son corps. Elle sait qu’aucune parcelle de sa peau n’est sèche. Une nouvelle voiture la dépasse. Elle n’y fait plus attention. Elle ne réalise pas immédiatement que le véhicule s’est arrêté quelques dizaines de mètres plus loin. Elle voit d’un coup la porte-passager s’ouvrir pour l’inviter à venir se mettre à l’abri. Elle devrait se méfier, mais court vers la voiture. Elle s’engouffre dedans. Quelle agréable surprise. Le conducteur n’est autre que Bernard. — Désolé, j’étais dans la lune, je ne me suis pas arrêté tout de suite… Ferme vite la porte. Elle s’excuse auprès de lui de mouiller sa voiture. Bernard est le maire de leur village. Avec sa femme, Jocelyne, ce sont les seules personnes avec qui elle a noué des vrais liens d’amitié ici. Il est étonné de la voir par un temps pareil si loin de chez elle. Elle doit avouer sa légèreté. Il rit en lui disant qu’il part aussi souvent sans parapluie. Il lui propose de se réchauffer chez lui. C’est vrai que c’est à côté. Quelques minutes après, elle est sur le seuil de sa maison. Elle n’ose pas vraiment entrer de peur de goutter de partout. Il lui prend la main pour la faire ...
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