1. Natasha & Franck (32)


    Datte: 28/07/2018, Catégories: Transexuels

    Lorsque Kukka arriva, nous étions réunis dans une des chambres de l’hôtel afin de définir la marche à suivre. Si Svetlana était d’avis de filer droit vers l’Est pour franchir au plus vite la frontière suédoise, nous devions continuer notre périple vers le Nord où nous espérions des réponses à nos questions. Il fallut donc la convaincre, sans dévoiler la raison de ce qui ressemblait à un entêtement. La promesse de trouver chez les parents des deux frangines norvégiennes un havre de tranquillité et de confort propice au rétablissement de Natasha était notre seule carte dans cette tâche ardue. Marie résuma la situation à sa compagne, et plus le récit avançait, plus Kukka écarquillait les yeux. Elle ausculta Natasha et ne put que constater l’évidence : elle était épuisée. Sa tension était un peu faible, mais cela n’avait rien ni de surprenant ni d’inquiétant après les épreuves traversées. Son état quasi dépressif lui donnait plus de soucis, même si les raisons étaient on ne peut plus logiques : elle avait tué. Nous avions beau lui répéter que la mort du médecin n’était que légitime défense, rien n’y faisait. Je laissai tout le monde s’affairer autour de Natasha et proposai à Roxanne de faire un petit tour dans les rues de Bergen. Personne n’insista pour nous accompagner lorsque j’exprimai mon souhait de faire cette virée en tête-à-tête avec ma fille ; après tout, c’était bien naturel... Des vitrines où des rennes empaillés prenaient autant de place que les marchandises exposées ...
    ... servirent de prétexte à de fréquents arrêts pour m’assurer que personne ne nous suivait. Bizarrement, Svetlana, malgré son aide, ne semblait pas engendrer une grande confiance. Je me mis en quête d’un bureau de poste d’où le disque dur récupéré chez le médecin décédé pourrait être expédié. Une fois le colis envoyé, il ne me restait plus qu’à acheter un souvenir pour ma charmante et adorable fille pour parfaire l’illusion d’une promenade banale. Elle tomba en arrêt devant un pull en laine qui la protègerait de la fraîcheur du Nord. Lorsqu’elle l’enfila, j’éclatai de rire : l’épaisseur du chandail lui conférait une carrure de déménageuse est-allemande ; pour sûr, elle ne craindrait pas le froid ! - Papa, moi aussi j’aimerais t’offrir un cadeau. - Tu as une idée en tête ? - Oui, bien sûr : un pendentif que tu porterais en permanence autour du cou. Ainsi tu pourras penser à moi lorsque je ne serai plus avec vous. - Quel genre de pendentif ? - Hier, Ingrid et moi nous sommes baladées en ville pendant que vous cherchiez Natasha. Viens, suis-moi, je vais te faire voir. J’espère qu’il te plaira. Roxanne m’entraîna dans un dédale de ruelles entre les échoppes de Bryggen, le quartier où la Hanse avait exercé le commerce des siècles durant. Ces étroits corridors de bois nous firent passer des façades colorées à l’arrière, bien moins aligné et chatoyant. Des marches permettaient de se lancer à l’assaut des collines. Nous suivîmes une rue de traverse qui en longeait le pied. Les façades ...
«1234...9»