1. L'oubli (1)


    Datte: 29/07/2018, Catégories: Hétéro

    Je suis contrarié. Premièrement, ce matin, j’ai oublié à la maison ce que j’avais préparé à manger pour midi. Ensuite, en fin de matinée, j’avais sondé mes collègues; toutes et tous étaient occupés durant la pause. Je suis seul, il est déjà midi passé d’une dizaine de minutes et j’en suis encore à réfléchir aux options qui s’offrent à moi : un sandwich tout sec à l’épicerie du coin, un kebab, un resto en solo. Ou un tour au petit supermarché. Je me laisse convaincre par le rayon bio de ce dernier et cinq minutes plus tard, je m’y dirige d’un pas décidé, agréablement surpris par la douceur de cette journée d’avril. Jusqu’ici, il avait fait plutôt frais, mais ce midi, il ne fait aucun doute que la température tutoie les 20 degrés. Il faut une dizaine de minutes de marche pour arriver au supermarché et malgré le peu de victuailles que je m’apprête à acheter, je m’encombre d’un disgracieux panier en plastique gris. C’est au fameux rayon bio que je l’aperçois pour la première fois. Alors que je suis penché sur les salades toutes prêtes, elle s’excuse et passe la main devant moi pour en saisir une. Je tourne la tête. Une permanente ondulée sur des cheveux courts et noirs, des lèvres rouges et fines contrastants avec une peau claire, des yeux noirs aux longs cils, elle me sourit brièvement. Le temps de choisir une salade et une barquette de fruits frais, elle a disparu au moment où je me redresse. Sans y penser plus que cela, je file prendre un peu de jambon cru avant un dernier ...
    ... stop au rayon boulangerie. Je suis en train de mettre un petit pain de campagne dans le panier quand je suis bousculé. Elle. A nouveau. Nouveau sourire. Il me semble y voir une différence, mais c’est très furtif. Encore une fois, elle s’éloigne rapidement, mais cette fois, j’ai eu le temps de la voir. Cette femme doit mesurer 1m70 environ. Elle porte des talons de 6 à 8 cm. Je lui donne 15 à 20 ans de plus que moi, soit entre 50 et 55 ans. Elle est vêtue d’un trench-coat beige au bas duquel dépasse une large bande de tissu gris, fendue sur le devant, dont je ne peux définir si elle appartient à une jupe ou à une robe. Mais à vrai dire, cela m’intéresse bien moins que la finesse de ses mollets galbés de nylon couleur chair. Je la regarde s’éloigner avant de jeter un dernier coup d’œil à mon panier, puis je me rends aux caisses. Quelques personnes devant moi, je vais devoir attendre et, tournant nonchalamment la tête, je m’aperçois que la femme m’observe, deux caisses plus loin. Quand je la regarde à mon tour, elle me sourit à nouveau. Je le lui retourne cette fois. Quelques instants plus tard, elle répond au téléphone et met ses lunettes de soleil. Il faut dire que les caisses sont orientées plein sud et la façade est parsemée de vitres. Cela provoque une forte clarté et une température plus élevée. Je regarde ce femme sans savoir si elle me regarde en retour. De loin, elle est assez quelconque. Une belle quinquagénaire, si elle est bien dans cette dizaine-là, mais sans plus. Le ...
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