1. L'oubli (1)


    Datte: 29/07/2018, Catégories: Hétéro

    ... tapis avance et je peux déposer mes achats. Le client devant moi paie et la caissière me lance un "Bonjour" aussi froid qu’un jour d’hiver en Sibérie. Je ne l’aime pas, celle-ci. Mais elle travaille vite, ce qui est l’essentiel à midi. Je récupère mes denrées, paie et m’éloigne. Je regarde du côté de la caisse de la brune, mais je regrette de ne pas la voir. Je sors du magasin et longe les voitures garées devant le supermarché. La femme apparait derrière un coffre qui se referme. Elle fait deux pas en direction de sa porte conducteur avant de lever les yeux sur moi. Sourire. Elle ouvre la porte. Je ne sais pas pourquoi j’ai parlé : — Bonjour ! axmaccse Elle stoppe son mouvement et moi, ma marche. Il y a quelques secondes de blanc avant sa réponse : — Bonjour. Hésitant, j’avance vers elle. Désormais, seule la porte nous sépare. Je n’ai jamais dragué, je suis coincé, timide et là, je me suis lâché, comme ça, et je ne suis pas fier de moi pour le moment. J’ai le cœur qui bat à tout rompre. — Vous avez… Heu… Je… Je me demandais si… enfin… ce que vous aviez prévu pour midi. Pas sans mal, mais j’ai été au bout de ma phrase, plus ou moins clairement. Elle sourit, mais elle est visiblement gênée. Et cela me donne un peu confiance. Même si elle me dit non maintenant, je peux me dire qu’elle le fait à ...
    ... contrecœur. Pourtant elle semble assez troublée. Elle rougit, souffle doucement, avant de répondre : — Écoutez, je… je n’ai pas beaucoup de temps, je… je dois manger rapidement et… Ma confiance s’en trouve encore renforcée. — Il y a un parc de l’autre côté de la route, avec ce soleil, est-ce que ça vous dit de… L’hésitation la plus longue de mon existence. Elle referme la porte conducteur, me sourit timidement et va prendre la salade dans son coffre. Nous n’échangeons aucun mot en traversant la route et entrons dans le parc. Je regarde alentours et aperçois un banc libre au soleil. Je le lui indique et nous nous y dirigeons. En chemin, j’apprends qu’elle s’appelle Nathalie, qu’elle a trois enfants et deux petits-enfants, qu’elle travaille comme secrétaire dans une fiduciaire dans une autre ville et qu’elle accompagne exceptionnellement un des cadres de l’entreprise chez un gros client. Est-ce le stress ? Une fois qu’elle a commencé à parler, Nathalie multiplie les échanges et ne laisse aucun temps mort. Elle a 54 ans et travaille pour la même société depuis 15 ans. En indiquant qu’elle vient de fêter ses 30 ans de mariage, elle fait la seule allusion, qui plus est, indirecte, à son mari. Nous discutons sans interruption jusqu’à la fin du repas, moment choisi par Nathalie pour enlever son trench-coat. 
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