Vraimodo
Datte: 01/08/2018,
Catégories:
fh,
amour,
... me rappelle à quel point nous accordons souvent trop d’importance au plaisir des yeux, aux impressions fugaces laissées par les images. — Vous tremblez, Gaston. En effet. De petits frémissements nerveux parcourent ma moelle épinière, mes bras, mes jambes, et Yolande ne manque pas de les détecter. — Avez-vous déjà serré une femme dans vos bras ?— Non. Jamais. Vous êtes la première.— Vraiment ?— Oui, Yolande. Oserais-je lui dire que c’est parce que les autres ne veulent pas ? Lui répéter à quel point je suis laid ? Cela n’a pour elle aucune importance, je le sais, mais je n’arrive pas à m’enfoncer cette évidence dans le crâne. — Cela vous plait-il, de me tenir dans vos bras ?— C’est agréable et troublant.— Ne bougez pas. Je reviens tout de suite. À regret, je la laisse s’éclipser vers une pièce adjacente. Que prépare-t-elle ? J’entends un bruit d’armoire qu’on ouvre et qu’on referme, puis Yolande revient, se mouvant avec grâce dans ces lieux qui lui sont familiers. De retour en face de moi, elle me tend un foulard soyeux, de teinte sombre. — Aidez-moi à vous bander les yeux. Je maintiens le foulard tandis qu’elle le noue derrière mon crâne. Me voici dans le noir total. — Comme ça, nous sommes à égalité, annonce joyeusement Yolande. Elle m’attrape la main et me tire, m’obligeant à la suivre. — Vous avez un avantage, dis-je. Vous connaissez les lieux par cœur, alors que moi… Elle marche lentement, et je la suis de près. Les yeux bandés, il m’est difficile d’évaluer les ...
... distances, mais nous avons certainement quitté la salle de musique. À nouveau, la jeune femme me laisse seul avec la recommandation de ne pas bouger. — N’enlevez pas le foulard, Gaston.— Bien sûr que non.— Quoi qu’il arrive !— Vous avez ma parole. J’ai dit ça, mais je n’en suis pas moins inquiet. À quel jeu joue-t-elle ? Je l’entends qui se déplace, puis de la musique envahit les lieux. Je connais ce morceau, que j’ai entendu à deux reprises. — C’est la sonate de Janacek, n’est-ce pas ?— Exact. Vous aimez ?— Beaucoup. J’entends vaguement qu’elle s’affaire, se déplaçant dans la pièce, mais la musique couvre partiellement le bruit qu’elle produit et je n’ose ni remuer, ni lui poser de question. Bientôt, je la sens toute proche de moi. Ses doigts accrochent ma veste, et je perçois le léger déplacement d’air lorsqu’elle passe derrière moi pour me l’enlever. Elle s’affaire ensuite à dénouer les lacets de mes chaussures. — Yolande, vous… Les mots ne sortent pas. Je m’apprête à lui demander : « vous voulez me déshabiller ?», mais la réponse est évidente. — Vous ne voulez pas ? demande-t-elle, à voix basse. Elle me saisit les mains, les écarte, et une seconde plus tard, se colle à moi, poussant mes doigts contre ses reins. Le contact de sa peau nue m’électrise instantanément, et un frémissement me parcourt de la tête aux pieds. Yolande se dérobe alors, et je l’aide cette fois, soulevant un à un les pieds, à m’enlever chaussures et chaussettes. Le sol est doux et tiède. Un épais tapis, ...