Vraimodo
Datte: 01/08/2018,
Catégories:
fh,
amour,
... fascination. Lorsque la dernière note du morceau s’éteint soudain, nous restons tous deux immobiles et silencieux pendant quelques secondes, goûtant son écho encore présent dans notre mémoire. Puis je me secoue et applaudis chaleureusement. — Génial ! Vous jouez divinement bien !— Je savais que ça vous plairait, Gaston, dit Yolande en glissant sur le siège et en se levant.— J’ai adoré. Comment avez-vous deviné ? Elle est debout devant moi, tout près, et ses mains se posent sur ma poitrine. Ses doigts accrochent les revers de ma veste, comme ils l’avaient fait rapidement le soir du concert à l’hôtel de ville. — Votre façon de me demander ce que je jouais à l’orgue, la légère altération de votre voix indiquaient l’émotion. J’en ai donc déduit que vous aimez cet instrument. Et puisque le répertoire classique n’est pas votre tasse de thé, c’est sans doute que vous appréciez le jazz, ou le blues.— Vous êtes très perspicace. Ses yeux vides sont levés vers mon visage. Spectacle étrange et troublant. Malgré le peu de lumière baignant la pièce, cette partie du visage de Yolande a quelque chose d’effrayant. Ce n’est pas vraiment laid, mais ce n’en est pas joli pour autant. La proximité du corps de la jeune femme, ses mains sur ma poitrine, son souffle tout proche, me font frissonner. Elle le perçoit instantanément. — Je vous effraie, Gaston ? Elle s’est figée, dans l’attente de ma réponse. Pourquoi ai-je peur ? A-t-elle peur de moi, elle ? Forcément, non, puisqu’elle ne me voit pas ...
... tel que je suis ! Je m’en veux de ma réaction instinctive. — Excusez-moi, dis-je. Je… je suis ému. Je lève une main, timidement, effleure sa taille. La réaction de Yolande est immédiate : elle se serre contre moi, pose sa joue contre mon menton. Je sens la caresse de ses cheveux, ses formes qui se pressent soudain contre moi. Elle lève la tête, ses doigts glissent dans ma nuque, et nous nous embrassons. Maladroitement. Par ma faute, essentiellement, car je n’y connais pas grand-chose, n’ayant guère eu l’occasion de fourbir mes armes. Je serre néanmoins entre mes bras ce corps de femme, un plaisir que je n’ai presque jamais connu à ce jour, et je baisse les paupières pour mieux goûter à la saveur de cet instant. Et soudain, c’est le déclic, l’évidence qui me saute aux yeux alors qu’ils sont clos : si nous les fermons pour embrasser, si des couples font l’amour dans le noir, c’est parce qu’il n’est nul besoin de lumière pour aimer. Le plaisir procuré par la vision, dans ces circonstances, n’est qu’une infime partie de ce que nous pouvons ressentir, et sans doute celle dont nous pouvons le plus aisément nous passer. Nos bouches se séparent, mais nous restons encore enlacés, silencieux, serrés à nous en faire mal. Je n’arrive pas à croire à ce qui m’arrive. Est-il possible qu’une femme puisse m’aimer ? Ou tout au moins s’intéresser à moi au lieu de s’enfuir ? Le comportement de cette artiste pleine de sensibilité démontre la superficialité des apparences, la vanité du paraître, et ...