1. La lecture Chapitre 4


    Datte: 10/08/2018, Catégories: Dans la zone rouge,

    ... lui en demande la raison, il me parle de contrats, de ventes, d’engagements qui se présentent favorablement. Je l’écoute avec attention sans vraiment entendre, me gardant bien de parler de mon occupation de l’après-midi. Pour autant je sais que je dois lui en parler car il me soupçonnerait de perfidie et de le tromper si je lui cachais la vérité et il pourrait imaginer… ce qui s’est passé ! Sans compter que son collègue a dû apprendre ma visite chez son père. - Tu sais que je suis allée faire ma première lecture auprès du papa de ton ami. - Ah oui, c’est vrai. Et alors ? - Eh bien, ça été une expérience peu ordinaire. Parler devant un homme dont on n’arrive pas à saisir le regard est très déstabilisant. Il était très attentif et pourtant par moments je n’arrivais pas à savoir s’il m’écoutait. Il m’a demandé de revenir. C’est sans doute que j’ai bien fait ce qu’il me demandait. En disant cela, je frisais le premier prix d’hypocrisie. Je disais la vérité avec des mots qui la cachaient. - Quelle histoire lui as-tu lue ? Là, je n’ai pas pu m’empêcher de piquer un fard et bien sûr, après tant d’années de vie commune, monsieur me connaît bien et cela ne lui a pas échappé. Courageuse, j’affronte. - Le roman « la clé », en espérant qu’il ne connaisse pas cet ouvrage. - Ça parle de quoi ? - Une histoire un peu dure d’un professeur de faculté au Japon qui n’arrive plus à satisfaire son épouse plus jeune que lui. - C’est osé ? En m’arrangeant pour qu’il ne saisisse pas mon regard, je ...
    ... lui mens effrontément. Je savais que je luttais pour pouvoir retourner le voir en toute liberté. Et tant pis pour ma fidélité ! - Pas du tout ! Plutôt dramatique. - Son fils m’a dit que sa mère était partie il y a maintenant trois ans et qu’il souffrait de cette double solitude. Je me gardais bien de répondre. Je dormis mal, obsédée par ce qui s’était passé et le lendemain quand j’entendis sa voix au téléphone, ma main tremblait, mes jambes ne me supportaient plus. - Chantal ? -… - Chantal ? Il fallait que je réponde. - Oui, bonjour. - Vous me reconnaissez, j’espère. La reprise du vouvoiement me surprit. - Bien sûr, monsieur. - Vous êtes seule ? - Heu… oui ! - Très bien. J’espère que vous ne regrettez rien de notre première rencontre. J’ai été très troublé et je crois que je me suis oublié, non ? Je ne savais toujours pas quoi répondre. Je me sentais ridicule devant cet homme en face de qui je m’étais, moi, oubliée en m’exhibant sans retenue, irrespectueuse jusqu’à offenser son invalidité. Je ne pouvais m’affranchir de l’idée qu’il s’agissait d’une sorte de viol. Après avoir repris ma respiration, je réussis à lui répondre. - Non, je ne regrette rien. Réponse aussi sotte que possible. Mais je n’arrivais pas à me contrôler. - Je peux donc vous revoir bientôt ? - Demain, si vous voulez… Quelle idiote ! J’avais bien sûr trop vite répondu ! S’il doutait encore de son influence sur moi… Mais tant pis, j’avais envie de vite le revoir. - Je vais m’arranger, vous pouvez venir pour 17h ...