1. Première neige (1)


    Datte: 13/08/2018, Catégories: Divers,

    ... tenant la pelle par le manche, complètement désabusée, quand il me semble entendre crier sur le chemin, tout en haut, devant le portail. Alors résolument, je vais voir ce qui se passe ; je m’enfonce allègrement dans la masse épaisse et froide qui s’agrippe à mes bottes de caoutchouc. — Il y a quelqu’un ? Je crie de manière à ce que la personne qui se trouve là-haut m’entende et surtout m’attende avant que je ne sois au portail. Je voudrais m’éviter de patauger dans la neige inutilement. — Oui je suis là, c’est Damien, tu peux m’ouvrir, Tante Claude ? Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, je ne suis plus seule dans cette marée blanche alors je me précipite pour venir lui ouvrir cette satanée porte. Ouf ! Voilà mon sauveur. Je le serre dans mes bras en lui disant combien je suis contente de le voir arriver. Je lui explique que j’ai des problèmes avec ma turbine qui ne veut pas se mettre en marche. — Ton téléphone ne fonctionne plus ? Maman m’a dit de venir voir ce qui se passait. Il est tombé soixante-dix centimètres de neige depuis hier et comme il parait que tu es toute seule… Eh ben ! Allons voir cette foutue turbine, ce n’est peut-être pas grand-chose. Je suis garé tout là-haut sur la route, j’ai eu peur de ne pas remonter sans chaîne aux roues et je n’en ai pas dans le coffre. Je vais essayer de te dégager ton chemin. Nous arrivons sur la terrasse, et il file tout droit à la remise que j’ai laissée entrouverte. Je le regarde un instant s’acharner sur la ficelle du ...
    ... démarreur, mais elle ne tousse même pas. Alors, il se sert de tes outils et il se met en devoir de démonter je ne sais quoi sur cette machine. — Tu prendras un café avec moi ? Il me regarde de ses grands yeux bleus et en signe d’assentiment, il secoue juste la tête de bas en haut. Alors je file dans ma cuisine et prépare les deux doses de « Senséo ». Je remets aussi une bûche dans l’âtre et je file revoir mon sauveur. Il tient dans sa main la pièce qu’il a démontée et il la frotte à l’aide d’une petite brosse métallique. Ensuite, il remet l’objet en place, visite tous les niveaux, essence et huile, puis il tire à nouveau sur la ficelle. Magie d’homme, moment précieux, voici le moteur qui hoquète puis se met en route, et par la même occasion je suis totalement sauvée. — Quel bonheur, que de t’avoir mon filleul ! Je lui dis ces mots, en le serrant fort contre mon cœur. Comme je me sens moins seule, moins isolée soudain. Il coupe le moteur. — Allons prendre ce café, et ensuite je dégagerai le chemin. — Oui, viens ! Et tu vas déjeuner avec moi à midi, tu l’auras bien mérité. À peine le breuvage chaud avalé que le garçon est reparti et dehors j’entends ce fichu moteur qui ronronne. Cependant, il lui faut deux bonnes heures pour déblayer cette montagne de neige qui forme désormais deux énormes bourrelets de part et d’autre de notre route. Quand il rentre au chalet, il est trempé de sueur sous son anorak bleu. Il se déshabille et je lui propose d’aller se doucher pendant que je dresse la ...
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