1. Première neige (1)


    Datte: 13/08/2018, Catégories: Divers,

    ... recouvre le sol devant le chalet est impressionnante. Je prends rapidement un petit café, une tartine beurrée et j’enfile un vieux survêtement. Dans la remise, je tente en vain de mettre le moteur de la turbine en route, je sais que sans elle, je ne pourrai plus sortir de chez moi. Rien à faire et je me dis que les deux cents mètres du chemin, même bitumé, à déneiger à la pelle, c’est une mission presque impossible pour moi. Bon et bien, je resterai à la maison bien au chaud. Je dégage cependant la terrasse qui ceint notre habitation. Sur le lac gelé, le vent a fait comme des vagues avec les coulées de neige qu’il a si bien soufflées. L’hiver a un pied sur Gérardmer et il promet d’être rude. Je suis au chaud, mais le temps semble s’être arrêté. La neige continue de tomber sans discontinuer toute cette journée, abondante, blanche et froide. Vers dix-huit heures, je veux appeler Marc et Sophie, mais apparemment les lignes téléphoniques sont coupées ou en dérangement. J’essaie également sur le téléphone portable, sans plus de succès. Cette fois, je suis pour la nuit complètement isolée. Cette situation n’est pas au demeurant un vrai péril, mais ce qui est inhabituel, c’est que je traverse cette période, seule, en ton absence. Alors, je mets de la musique et je tiens le feu en état. La nuit est là avec ses fantômes qui flottent dans l’air extérieur, et les papillons de neige persistent à s’amasser au sol en une couche compacte. Je n’ai pas vraiment peur, mais je sais que demain, ...
    ... je dois absolument trouver une solution pour me dégager de cet élément hivernal, et surtout plus il y en aura et plus j’aurai de mal pour nettoyer le chemin d’accès à la maison. Donc, ce mercredi à venir va être compliqué, surtout pour mes petits bras. Inutile de dire que je dors mal, parce que d’une part, tu n’as pas appelé, mais je pense que tu as compris que c’était juste un problème technique. Tu en as l’habitude, et puis d’autre part, l’immensité de la tâche qui m’attend au réveil me donne des cauchemars. Quand mes yeux reprennent contact avec la dure réalité, je saute hors de notre lit, et comme la veille, café, tartine beurrée et les vieux vêtements et j’empoigne la pelle, pleine d’une volonté sans faille. Je commence la montée dont je n’aperçois même pas la fin. Il y a au moins cinquante centimètres d’une neige lourde et chaque pelletée m’arrache une grimace. De surcroît, elle continue de tomber. Quand, après avoir avancé de quelques mètres, je me retourne, j’ai la rage. Derrière moi, le sol est déjà enseveli de nouveau par une couche conséquente et je sais que malgré toute ma bonne volonté sans cette maudite turbine, je ne me rendrai pas maîtresse de la mer blanche qui submerge notre chemin et les alentours. Les voitures, là-haut, beaucoup plus loin, je les entends passer et je sais qu’elles ont du mal à circuler. Tant pis, je devrai aller à pied jusqu’au village, voir Marc pour qu’il vienne me mettre en route la machine récalcitrante. J’en suis là de mes réflexions, ...
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