Mister Hyde - 1
Datte: 15/08/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
... pleinement consciente, à un moment ou à un autre, ils lui échapperaient. Le petit déjeuner s’acheva sur ce non-dit. Un de plus pensa-t-elle. C’était un peu le résumé de leur histoire, Frédéric ne s’étant jamais montré très bavard sur son passé ou sur ce qu’il ressentait au jour le jour. Il se contentait d’être gentil, prévenant et, malgré la certitude qu’elle avait qu’il pouvait être bien plus que cela, il ne s’était jamais vraiment « lâché », avec elle. La patience de Frédérique avait fini par s’émousser puis disparaître : elle l’avait quitté. Et voilà qu’aujourd’hui, il révélait une facette de lui qu’elle soupçonnait sans l’avoir jamais vue. Elle était curieuse d’en savoir plus mais l’inconnu, comme tout inconnu, lui faisait peur et l’excitait. Elle aurait aimé qu’il agisse, la veille au soir. Au lieu de ça, il avait exigé qu’elle répète les cinq petits mots qu’elle avait prononcé : « Tout ce que tu veux… ! » et elle n’en avait pas eu la force. Il l’avait traité de trouillarde mais il lui avait foutu la trouille, parce qu’il l’avait confronté à son désir et que, dans son cas, cela fait peur. « Demande à ta croupe si elle a apprécié ! » avait-il dit quelques minutes auparavant… Sa croupe… Il ne la traitait plus en femme. Elle dut se rendre à l’évidence, elle aimait ça, elle en avait envie… Elle ouvrit la bouche pour parler mais la referma aussitôt. Cela n’échappa pas à Frédéric qui se contenta de sourire, narquois. Il se leva, désigna un carton : « Où ? » dit-il. *** Le ...
... carton contenait l’attirail de peintre de Frédérique. Il ne l’avait jamais vu s’en servir et bien qu’il ait pu apprécier une de ses toiles religieusement exposée chez sa mère, celle-ci remontait à une dizaine d’années. Depuis, plus rien, l’inspiration avait quitté la jeune artiste. Il pensait que c’était dommage parce qu’il était sûr de son talent. Souvent, il lui avait conseillé de reprendre le pinceau mais rien n’y faisait, les soies restaient muettes. Comme elle aussi restait muette, il décida de ranger toutes ces affaires dans un petit meuble qu’il installa près de la fenêtre la mieux disposée. Il fit prendre le même chemin au chevalet qu’il disposa face à la fenêtre et posa dessus une toile blanche. Frédérique le regarda faire en pinçant les lèvres, incapable de réagir à l’humiliation qu’il lui faisait subir (inconsciemment ?) en révélant son impuissance à peindre. Elle se détourna du spectacle, honteuse qu’il ait réussi, sans un mot, à la faire se sentir nulle à ce point. Honteuse aussi d’en être excitée. Il ne se conduisait plus en amoureux, il était devenu quelqu’un d’autre qu’elle ne savait pas définir mais qui lui plaisait. - Tout ce que tu veux… ! dit-elle dans sa tête en remuant à peine les lèvres. Elle le répéta pour elle-même, toujours aussi silencieusement. Une fois puis deux fois puis… Elle s’entraînait avant de le dire à haute voix. Et c’était de plus en plus fort à chaque redite. Jusqu’à ce que les sons franchissent le pas de sa gorge. - Tout ce que tu voudras ! ...